Casablanca. Voulant poursuivre leur beuverie, trois amis de Derb Fokara sont partis à la recherche d'un vendeur clandestin de vin. L'un d'entre eux y laissera la vie. Nous sommes samedi 3 février 2007. Habitant au numéro 10 à Derb Foukara (quartier Derb Sultan), M'barek se réveille tôt et se rend dans la chambre de son fils, Abdellatif. Il veut s'enquérir de son état de santé. Sa femme lui a dit que ce dernier est revenu à la maison au petit matin, soul et blessé à la tête. Elle lui a également dit qu'il prétend avoir été victime d'une tentative de vol de son téléphone portable. M'barek pousse la porte de la chambre et s'approche lentement du lit de son fils qui semble plongé dans un profond sommeil. Il l'appelle à deux reprises. Comme il ne reçoit aucune réponse, il décide de le secouer fortement et se rend alors compte que l'irréparable s'était produit. Son fils n'est plus qu'un cadavre. Il décide alors d'entamer les procédures nécessaires pour son enterrement. Le médecin des services d'hygiène qui doit autoriser l'inhumation du défunt arrive, ausculte le cadavre et explique au père qu'il ne s'agit pas d'une mort naturelle. La police est alors avisée. Les éléments de la PJ de Derb Sultan-El Fida se rendent sur les lieux et s'adressent à M'barek et sa femme pour avoir des éclaircissements. La mère qui sanglote leur explique que son fils est rentré vers 4 h du matin ivre et blessé et qu'il lui a dit avoir été victime d'une tentative de vol. Le père se contente de leur préciser qu'il ne l'a vu que le lendemain et qu'il était déjà mort quand il est entré dans sa chambre pour le réveiller. Alors que le cadavre était évacué vers la morgue pour être soumis à une autopsie, les enquêteurs ont poursuivi leurs interrogatoires. Ils en ont conclu que le défunt buvait souvent avec Ahmed et Saïd. Il fallait donc les interroger. Agés respectivement de vingt et un et vingt-quatre ans, les deux jeunes hommes ont été arrêtés et conduits au commissariat de police pour complément d'enquête. Ils ont déclaré avoir rencontré Abdellatif le jeudi 1er février, au soir. Ils ont par la suite acheté quelques « trois-quart » de vin rouge et se sont rendus au jardin du quartier Al Masjid pour les boire. La vendredi 2 février, ils se sont sustentés ensemble chez un gargotier du boulevard El Fida. Après quoi, ils se sont rendus chez un «Guerrab» (marchand clandestin de boissons alcooliques) pour acheter du vin rouge. Malheureusement pour eux, ils ne l'ont pas trouvé. Alors qu'ils s'apprêtaient à rebrousser chemin, un jeune homme qui se tenait dans un coin de la rue a attaqué Abdellatif et a tenté de le délester de son téléphone portable. Mais en vain. Le pickpocket a alors pris la poudre d'escampette et Abdellatif s'est dirigé vers un veilleur de nuit, Brahim, qu'il a accusé d'être son complice. Hors de lui, ce dernier l'a violemment repoussé. Fou de rage, Abdellatif a tenté de passer ses nerfs sur un publiphone. Le veilleur de nuit est intervenu pour l'en empêcher, d'où une rixe s'est déclenchée. Après qu'Abdellatif lui ait asséné un coup de tête, le veilleur de nuit a pris son gourdin et l'a roué de coups. Selon Ahmed et Saïd, ce sont ces coups qui auraient causé le décès. L'autopsie confirmera leurs assertions. Elle a conclu, en effet, qu'Abdellatif est mort des suites d'une hémorragie interne. Les policiers ont alors arrêté le veilleur de nuit qui a avoué son forfait. Il a été traduit devant la justice pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Les deux amis d'Abdellatif ont également été déférés pour non-dénonciation. Seul, le pickpocket qui a tenté de voler le téléphone portable du défunt est encore en fuite. Il est actuellement recherché par la PJ.