L'Algérie était hier sous le choc après la vague d'attentats qui a frappé la région de la Kabylie. La loi sur la Charte pour la paix et réconciliation est à nouveau remise en question. L'Algérie sous le choc après la vague d'attentats parfaitement synchronisés qui a secoué, mardi 13 février, les deux wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou en Kabylie. Au total, sept attentats à la bombe et à la voiture piégée qui ont fait six morts, dont quatre civils, et une quarantaine de blessés, selon un communiqué du ministère algérien de l'Intérieur. La région de la Kabylie est souvent visée par des attaques terroristes, mais jamais avec une telle ampleur. «Al-Qaïda au Maghreb », ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSCP), avait aussitôt revendiqué ces attentats qui apparemment portent la marque du réseau d'Oussama Ben Laden. Ces explosions simultanées ressemblent bizarrement aux attentats perpétrés en Irak ou en Afghanistan. Chose qui a ravivé les craintes d'une montée sans précédente de la violence terroriste en Algérie. «Matinée d'enfer…», a titré hier à sa Une le quotidien "El Watan". «La manière et le moment choisis indiquent que les terroristes du GSPC, affiliés à la tristement célèbre organisation Al-Qaïda, ont bien préparé le coup», souligne "El Watan". «En commettant la série d'attentats à l'explosif avec une simultanéité surprenante sur un rayon de plus de 100 kilomètres, l'ex-GSPC, devenu la branche d'Al-Qaïda pour le Maghreb est-il entré définitivement dans la logique de l'organisation terroriste internationale dont l'action repose nettement sur ce type d'opération ?», s'inquiète pour sa part le journal "Liberté". Ces derniers temps, l'armée algérienne a déclenché une série d'opérations de ratissage visant à affaiblir les groupes terroristes qui continuent à opérer sur le sol algérien. La «filière» d'Al-Qaïda en Algérie semble ainsi défier les autorités algériennes, surtout que ces derniers attentats ont visé des structures relevant de la Direction générale de la sûreté nationale (services de sécurité algériens). Le ministre algérien délégué aux Collectivités locales, Dahou Ould Kabliya, avait récemment déclaré lors d'une réunion des ministres arabes de l'Intérieur que les opérations menées par l'armée algérienne commençaient à donner leurs fruits et que l'ex-GSPC était hors d'état de nuire. «Les attentats aux voitures piégées (…) tranchent singulièrement avec le discours “rassurant” et triomphant de Dahou Ould Kabliya», a fait remarquer "Le Soir d'Algérie". Les quotidiens algériens ont également critiqué la Charte pour la paix et la réconciliation. Plusieurs islamistes relâchés dans le cadre de cette loi ont disparu dans la nature, selon les journaux. Ils auraient rejoint les maquis. «Cette manière d'agir s'apparente beaucoup plus à une démonstration de force d'une organisation terroriste traversée par des divisions et turbulences depuis l'application des mesures afférentes à la Charte pour la paix et la réconciliation », estime "Liberté". Le GSPC, la filiale algérienne d'Al-Qaïda Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a récemment changé d'appellation pour devenir « Al-Qaïda au Maghreb ». Ce groupe terroriste, qui a rejeté de façon catégorique la Charte pour la paix et la réconciliation, avait auparavant prêté allégeance à Oussama Ben Laden. La « filiale » algérienne d'Al-Qaida a même menacé dans une vidéo mise en ligne sur Internet directement la France, en appelant les Algériens à s'en prendre aux intérêts français.