A Témara, un pédophile a été condamné à deux ans de prison ferme assortis de 15 mille dirhams de dommages et intérêts à verser à chacune de ses trois victimes. Leurs parents observeront, jeudi 15 février, un sit-in devant l'école où le drame s'est produit. Lundi 5 février 2007, chambre criminelle près la Cour d'appel de Salé. O.D., enseignant de trente et un ans, se tient au banc des accusés. Il est poursuivi pour attentat à la pudeur sur trois mineurs : deux fillettes et un garçon de six ans qui poursuivaient leurs études dans l'une des institutions privées de la ville. Sont-ils les seules victimes ? Selon la coordinatrice de l'association «Touche pas à mon enfant» à Rabat-Salé-Kénitra, Houda Hachimi Idrissi, «il y a plus de vingt-cinq victimes, mais leurs parents ont préféré se taire et changer pour leurs enfants d'école». Le président commence l'interrogatoire. Le mis en cause nie tout en bloc, mais refuse de parler des détails. A chaque question du président, il répond : «Je n'ai pas de réponse ni d'explication». Veut-il faire croire à la Cour que ses victimes, encore enfants, veulent régler leurs comptes avec lui ? Pourquoi l'accusent-elles de pédophilie ? Pourquoi la mère de Laïla qui a porté l'affaire en justice a-t-elle affirmé que les comportements de sa fille ont changé en pis ? Laïla, une jolie petite fille de six ans, n'est plus cet ange qui comble sa petite famille de bonheur. Désormais, elle fait des cauchemars, se réveille en pleine nuit, “mouille“ son lit, et n'adresse que rarement la parole à ses parents. Pourquoi un tel changement ? Sa mère tente de comprendre. Elle essaie de la consoler, la comble de cadeaux,… En vain. C'est un dessin de Laïla qui lui permettra de comprendre son drame. Un dessin représentant une terrasse, des barreaux colorés en bleu plantés sur un petit mur, deux longs fils sur lesquels sont étalées deux serviettes et un homme tout nu avec trois pieds dont l'un ressemble à la partie génitale masculine. La mère cherche des explications. Elle se rend à l'école pour demander si les enfants étaient autorisés à monter sur la terrasse. Non, lui répond-on. Elle y monte elle-même et remarque qu'elle ne ressemble en rien à celle dessinée par sa fille. Lundi 8 mai 2006, elle fait ausculter sa fille par un médecin. Lequel lui fournit un certificat médical attestant que Laïla a subi une agression sexuelle. Elle la conduit vers un pédopsychiatre qui réussit à la faire parler. Son agresseur n'est autre que l'enseignant et surveillant général de l'école où elle est inscrite. Laïla donne les noms des autres victimes. Les parents de deux autres seulement ont reconnu à la justice. Les autres n'ont pas voulu le faire. Les trois enfants ont ainsi été mis entre les mains du médecin légiste de l'hôpital des enfants Souissi qui a, lui aussi, confirmé qu'ils ont subi des agressions sexuelles. Tous ont mis en cause O.D. Arrêté par la police de Témara, ce dernier a tout nié. Il a fait de même devant la justice ce lundi 5 février. Les enfants ont, quant à eux, tout relaté en détail ce qui leur est arrivé. Pourtant, la Cour a été clémente envers lui. Elle ne l'a condamné qu'à deux ans de prison ferme assortis de 15 mille dirhams de dommages et intérêts à verser à chacune des trois victimes. «Nous nous attendions à une peine plus lourde puisque les victimes sont des enfants», proteste Mme Houda, coordinatrice de «Touche pas à mon enfant» dans la région. Mercredi 7 février, l'avocat de l'association constituée partie civile a interjeté appel et se prépare à organiser, jeudi prochain, un sit-in devant la porte de l'école où le drame s'est produit.