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Taroudant : Abdelali Hadi doit-il être exécuté ?
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 06 - 12 - 2004

La Justice a condamné Abdelali Hadi, le pédophile de Taroudant, à la peine de mort pour avoir violé et exécuté neuf jeunes personnes. Il doit verser 195.000 DH en guise de dommages et intérêts aux familles des victimes. Retour sur une affaire qui ne manque pas de zones d'ombre.
Le pédophile et serial killer de Taroudant a finalement été jugé le 2 décembre 2004 par la Chambre criminelle de la Cour d'appel d'Agadir. Abdelali Hadi a été condamné à la peine capitale. Les trois autres personnes poursuivies pour non-dénonciation de crimes ont, quant à eux, écopé de peines d'emprisonnement ferme, allant d'une à quatre années.
Par ailleurs, la Cour a condamné le pédophile, Abdelali Hadi, à verser la somme de 195.000 DH au profit des parents et des frères et sœurs des neuf victimes. A noter que Naïma El Hammaz, mère adoptive de l'enfant-victime, Yassine Benameur, n'a eu droit à aucun dédommagement.
D'ailleurs, sa mère biologique non plus. En outre, "on se demande comment ces dédommagements seront effectivement versés aux familles des victimes, alors que le coupable, comme tout le monde sait, est un vulgaire clochard", souligne Najat Anouar, présidente de l'association "Touche pas à mon enfant". C'est la raison pour laquelle le collectif d'avocats défendant les intérêts des familles des victimes a décidé de faire appel. "Ce ne sont pas les sanctions que nous réfutons, mais c'est le versement de l'indemnité au profit des parents des victimes qui nous intéresse le plus", souligne Najat Anouar.
Les avocats demandent que l'Etat soit considéré par la Justice comme une partie responsable dans cette affaire. C'est l'Etat, garant de la sécurité des citoyens, qui devrait donc dédommager les proches des victimes.
En d'autres termes, les familles des victimes estiment que les autorités chargées de la sécurité (police et gendarmerie) pouvaient éviter ce drame, si elles avaient fait preuve de vigilance accrue. "Car Hadi était bien connu par les Roudanis pour ses penchants pédophiles", assure Najat Anouar. A noter que l'association "Touche pas à mon enfant" a dépêché deux avocats pour représenter les familles des victimes dans ce procès hautement médiatisé et qui a secoué la ville de Taroudant. Deux autres avocats ont également été présents tout au long de la procédure. L'un envoyé par l'Observatoire national de l'enfant et l'autre par l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Selon Najat Anouar, présente à la séance du 2 décembre, "le pédophile a reconnu tous les crimes qu'il a commis". Abdelali Hadi a donné des détails précis sur la manière avec laquelle il exécutait ses forfaits. "Je ne m'attaquais jamais aux écoliers", disait-il. "Je ne ciblais que les clochards qui s'adonnaient à la pédophilie", poursuit Abdelali Hadi.
Celui-ci promettait à ces victimes de l'argent en contrepartie d'une relation homosexuelle avec elles. Il leur expliquait que sa seule condition était, avant d'accomplir son acte contre-nature, de les bâillonner et de leur ligoter les mains et les pieds. C'est ce qui explique, d'ailleurs, que le meurtrier réussissait à chaque fois à immobiliser ses victimes malgré sa carrure frêle.
Abdelali Hadi n'a lésiné sur aucun détail. C'est ainsi qu'il a expliqué aux magistrats que son plaisir consistait à étouffer ses malheureux victimes au moment même où il commençait à abuser d'elles.
Et chacune des victimes était enterrée dans le terrain nu qu'il occupait, situé dans un quartier populaire de Taroudant et qui appartenait à un de ses proches.
Il dormait à quelques centimètres des cadavres de ses victimes. Dernièrement, Hadi a même commencé à voir des hallucinations. "J'entendais leurs cris chaque nuit", dit-il aux juges.
Une fois que son proche a manifesté son intention de construire une maison sur son terrain, Abdelali Hadi a vite déterré les cadavres pour les jeter ailleurs.
Toutefois, il a pris le soin de laisser une lettre où il a écrit: "Moi, Hadi, je vais me venger". En fait, il souhaitait que la police remonte rapidement à lui. L'avocat qui lui a été désigné d'office, dans le cadre de l'aide judiciaire, a plaidé la démence de son client. Il a demandé à la cour de nommer un expert psychiatrique pour étudier le cas de Hadi. Et pour cause, ce dernier a vécu une enfance terrible. Ses parents étaient divorcés. Il a même perdu sa mère à l'âge de 12 ans. Il a très tôt perdu ses repères et toute valeur noble. Son goût pour l'homosexualité et la pédophilie, il l'a acquis après avoir été lui-même victime d'un viol collectif. Seize clochards se sont pris à lui, un par un, ou presque. Et c'est justement pour se venger qu'il commettait tous ses crimes et ciblait exclusivement les homosexuels et les clochards.
Aujourd'hui, Hadi assure qu'il s'est repenti. "Depuis que je suis en prison, j'ai commencé à faire mes cinq prières", a-t-il assuré aux magistrats. "Si je te libère, vas-tu recommencé tes actes ignobles?", lui a demandé le président de la Cour. "Non", a répondu Hadi. Mais cette réponse n'a pas suffit pour convaincre la Cour.
Cette affaire, qui remonte au 20 août dernier, illustre à quel point le phénomène de la pédophilie est un véritable problème de société, longtemps considéré comme un tabou. Les Marocains, il faut le reconnaître, ne le prennent pas au sérieux. Pire. On préfère en rire. Les blagues populaires sur les pédophiles sont légion. "Cette mentalité doit disparaître une fois pour toute", lance Najat Anouar.


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