La cour d'assises de la Gironde a condamné jeudi Alain Diaz à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans, pour le meurtre et l'agression sexuelle du petit Larbi Fanousse, 11 ans, en décembre 2001 à Bordeaux. Après deux heures et demie de délibéré, la cour a suivi les réquisitions du procureur général Marc Moinard qui, dans la matinée, avait requis la "peine maximale". "Les faits sont de la plus haute criminalité, la personnalité (de l'accusé) est d'une dangerosité extrême, donc la peine ne peut être que la plus forte, elle est justifiée et je devrais même dire qu'elle est nécessaire", avait-il lancé. La cour a appliqué la peine de sûreté maximale de 22 ans, une sûreté de 30 ans ne pouvant s'appliquer que si Diaz avait été reconnu coupable de viol et d'actes de barbarie. Alain Diaz, lors de l'audience civile qui a suivi le délibéré, a été condamné à verser comme dommages et intérêts 25.000 euros aux parents du petit Larbi, Benachour et Fatima Fanousse, 25.000 euros à sa grand-mère Rabah Fanousse, ainsi que 15.000 euros à chacune des ses deux petites soeurs. Il devra verser un euro symbolique à l'association de défense de l'enfance "La Mouette" qui s'était constituée partie civile. A l'issue de l'audience, le condamné, 42 ans, n'a pas fait de commentaires. Le public a applaudi à l'annonce de la condamnation et, sur les bancs de la partie civile, Fatima Fanousse sanglotait. Les avocats d'Alain Diaz, commis d'office, Mes Jérôme Dirou et Hubert Hazera, avaient plaidé l'acquittement, s'attachant à mettre en évidence les zones d'ombre et les interrogations sur le déroulement précis des faits. Me Hazéra a assuré qu'Alain Diaz, "qui n'a rien à perdre", ferait appel du verdict. Il a dix jours pour le faire. "Je pense que la famille ne peut qu'être soulagée et elle sait maintenant qu'elle peut faire confiance à la justice française", a déclaré Me Sylvie Reulet, avocate de la famille Fanousse. Elle a cependant regretté qu'en raison du système de défense de Diaz niant toute responsabilité, malgré des charges "accablantes", "on ne connaîtra jamais ce qui s'est passé". "Les explications sont fragmentaires, parcellaires", a-t-elle dit. "Si Diaz avait été suivi correctement par les psychiatres, nous ne serions pas là aujourd'hui", a-t-elle ajouté, précisant toutefois que la famille de la petite victime n'était pas "en état d'engager des poursuites" contre le médecin psychiatre qui soignait Alain Diaz depuis 1983. L'association La Mouette a d'ores et déjà annoncé son intention de porter plainte contre ce psychiatre. Les faits remontaient au 4 décembre 2001, quand Larbi, chargé par son école de vendre des billets de tombola dans la cité des Aubiers où il habitait avec ses parents marocains, n'avait pas regagné sa classe en début d'après-midi. Son père, Benachour Fanousse, avait prévenu la police en fin de journée et les premières recherches avaient été lancées. Le cadavre avait été retrouvé deux semaines après sa disparition, le 19 décembre, par des enfants jouant dans un terrain vague à 200 mètres du domicile des Fanousse. Le corps dénudé avait été déposé près d'une benne à ordures, recouvert sommairement de planches de bois et de détritus. L'enquête avait rapidement conduit les policiers sur les traces d'Alain Diaz, habitant la même cité que les Fanousse. Les analyses ADN des traces de sperme relevées sur le corps de l'enfant l'avaient désigné. Au cours d'une perquisition à son domicile, des billets de tombola et les vêtements de l'enfant avaient été retrouvés. Dans un premier temps, Alain Diaz avait avoué avoir tué l'enfant en l'étouffant avec un oreiller et avoir caché son corps dans son appartement durant treize jours, alors qu'il était hospitalisé. Suivi régulièrement par des psychiatres depuis son plus jeune âge, l'homme avait été condamné en novembre 1997 pour des actes de pédophilie sur un petit garçon. En 1983, il avait été déclaré irresponsable par les experts lors d'une tentative de viol.