La décision libyenne d'imposer des visas aux ressortissants maghrébins, qui a provoqué la colère des responsables algériens, devrait mettre fin à la libre circulation des terroristes. Même si elle n'est pas encore en vigueur, la décision de la Libye d'imposer des visas aux ressortissants maghrébins a provoqué une virulente polémique entre dirigeants algériens et libyens. Au début de la semaine, Abderrahman Chalgham, secrétaire du Comité populaire général libyen des liaisons extérieures et de la coopération internationale (ministre des Affaires étrangères), a critiqué les propos du ministre algérien de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, selon lesquels cette mesure «pourrait avoir des conséquences néfastes sur la construction de l'UMA». Dans une déclaration à la chaîne arabe de télévision "Al Jazeera", le responsable libyen a déclaré : «L'Algérie qui met en garde contre une éventuelle instauration par la Libye du visa d'entrée n'a qu'à ouvrir ses frontières avec le Maroc». M. Chalgham a assuré que «les mesures prises par Tripoli pour réglementer l'entrée de visiteurs maghrébins sur son territoire n'ont pas pour objectif de fermer les frontières ou d'interdire l'accès à son territoire aux citoyens des pays maghrébins». Elles visent plutôt, selon lui, à mettre en place des règles permettant de réguler ces flux, dans le strict respect de la dignité du citoyen maghrébin et afin de prévenir son exploitation. Le responsable libyen a, toutefois, précisé que «la Tunisie ne sera pas concernée par les mesures entreprises par la Libye en matière de visas, étant donné que plus de 30.000 personnes traversent quotidiennement les frontières entre les deux pays». La Libye a annoncé son intention de durcir les procédures d'entrée sur son sol par la voix de son ministre l'Intérieur, Salah Rajab, qui s'exprimait en marge d'une réunion des ministres arabes de l'Intérieur. Le ministre libyen avait annoncé que son pays étudiait la possibilité de mettre en place de nouvelles mesures réglementant l'accès des étrangers au territoire libyen. Ces nouvelles procédures devront, selon lui, fixer à un mois la durée pour les visiteurs et à trois mois pour les demandeurs d'emploi dans le cadre de la régulation du marché du travail de la main-d'œuvre étrangère en Libye. Officiellement, les autorités libyennes affirment, chiffres à l'appui, vouloir lutter contre l'immigration clandestine. Mais selon plusieurs analystes, le flux des clandestins ne constitue pas la seule raison ayant motivé cette décision. En fait, la mesure libyenne intervient quelques semaines après le démantèlement d'un réseau terroriste en Tunisie. Les personnes interpellées étaient pour la plupart des Maghrébins liés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSCP). Cet incident a démontré, selon les observateurs, que les terroristes utilisent souvent la Libye comme point de passage pour atteindre les pays voisins ou encore l'Irak. Après que l'Algérie ait renforcé son système sécuritaire pour contrecarrer la montée du GSCP, la seule issue qui restait pour les "djihadistes" était de transiter par la Libye dans la mesure où ce pays n'imposait aucune procédure administrative pour le faire. Les autorités libyennes, toujours selon les analystes, ont ainsi décidé de verrouiller leurs frontières pour empêcher que la Libye ne devienne une plate-forme de transit pour les groupes terroristes.