Au lendemain de sa sélection aux prochains Oscars sous la bannière de l'Algérie, une vive polémique a éclaté à propos de la nationalité du film «Indigènes». Le film «Indigènes» doit-il se présenter aux Oscars sous les couleurs de l'Algérie ? C'est la question qui divise le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb et son pays d'adoption, la France, qui a mis le paquet pour la production de ce film, sans compter que le lieu de tournage a été principalement le Maroc, qui a mis à la disposition de l'équipe de tournage de gros moyens logistiques. Le ton de cette polémique a été donné par le quotidien français «Le Figaro», qui a rappelé, chiffres à l'appui, l'apport financier considérable de la France à la production de ce film. «La France, via ses chaînes de télévision publiques France 2 et France 3 auxquelles il faut ajouter Canal +, a participé à hauteur de 90% dans les 14,4 millions d'euros de budget. A cet apport massif renforcé par l'agrément du Centre national du cinéma, il faut ajouter quelque 650 000 euros d'avances sur recettes (le plafond maximal), 150 000 euros d'aides pour les effets spéciaux, plus les aides de Sofica (Société pour le financement du cinéma et de l'audiovisuel) et les divers crédits d'impôts », a précisé le quotidien. Pour le reste, c'est-à-dire les 10%, ils sont à partager entre le Maroc et l'Algérie, sans oublier la contribution de quelques sociétés de production dont celle de l'acteur franco-marocain Jamal Debbouze, «Kiss Films». Le Maroc a, par ailleurs, mis son armée à la disposition de l'équipe de tournage de ce film, réalisé par Rachid Bouchareb avec les acteurs Jamal Debbouze, Sami Nacéri, Roschdy Zem, Mathieu Blancon, et Sami Bouajila. La polémique, qui a éclaté en France, n'a pas manqué de rejaillir sur le Maroc. Le point de vue du président du Centre cinématographique marocain (CCM), Noureddine Saïl, se veut conciliant. «Je pense que si l'on s'en tient à la stricte production, le film doit être franco-maroco-belge. Maintenant, le réalisateur peut exciper de sa double nationalité franco-algérienne et demander que le film soit considéré comme algérien. En tout cas, cela n'enlève rien au mérite qu'a eu le Maroc d'appuyer totalement ce film. Et cela honore le continent africain d'être représenté aux Oscars», indique M. Saïl. Reste une question: pourquoi le film «Indigènes» a été présenté au dernier Festival de Cannes en tant que production franco-maroco-algéro-belge ? Au nom de quelle nationalité a-t-il décroché le Prix collectif de l'interprétation masculine ? Pourquoi a-t-il changé de cap lors de sa nomination pour les prochains Oscars, prévus le 25 février 2007 ? La réponse est toute simple : le règlement de Hollywood stipule qu'un «film étranger» doit obligatoirement avoir une nationalité. N'empêche, un grand débat s'invite dans les milieux du cinéma sur les questions suivantes : à qui appartient réellement un film ? A son réalisateur ou à ses producteurs ? Qu'en est-il aussi des comédiens ? Une chose est sûre: dans le cas qui nous concerne, c'est «Indigènes» qui sort vainqueur de l'actuelle passe d'armes.