L'adoption d'un nouveau business plan pousse Addoha à revoir à la hausse ses prévisions pour 2008, 2009 et 2010. Administrateur-directeur général du groupe, Noredine El Ayoubi répond à nos questions. Entretien. ALM : Quel est le contenu du nouveau business plan du groupe Addoha ? Noredine El Ayoubi : Ce business plan est nettement différent de celui adopté il y a six mois. Nous avons acquis 1.315 hectares dans différentes villes du Maroc, notamment à Marrakech, Rabat, Salé, Tamesna et Casablanca. Ce sont des terrains destinés aussi bien à des logements économiques qu'au haut standing. A quels prix ces terrains ont-ils été acquis ? Chaque terrain est acquis à sa valeur, dépendant de la superficie et de la ville. Nous avons acheté ces terrains entre 250 et 1000 dirhams le mètre carré. Les prix fluctuent énormément. Les terrains de Casablanca ont été acquis entre 700 et 800 dirhams le mètre carré, alors qu'à Marrakech, le mètre carré se négocie entre 250 et 600 dirhams. Ces acquisitions proviennent-elles du public ou du privé ? Sur les différents lots acquis par Addoha dans le cadre de ce nouveau business plan, il y a deux terrains achetés au secteur public. Il s'agit d'abord de 53 hectares à Rabat acquis au prix de 200 dirhams le mètre carré. Quant aux 450 hectares de la Plage des Nations, ils sont acquis à 50 dirhams le mètre carré, soit exactement le même prix que celui offert aux investisseurs dans le cadre du plan Azur. Qu'entraîne ce business plan dans vos prévisions de résultats ? Il y a six mois, dans le business plan précédent, on avait présenté les prévisions de résultats pour 2006 et 2007. Normalement, l'exercice 2006 ne devait pas être impacté par ces acquisitions. Malgré cela, nous avons affiché un résultat en hausse de 9%, provenant des améliorations sur le plan opérationnel. Alors que nous prévoyions un maximum de signatures de 7000 contrats, nous sommes parvenus à boucler 7415 contrats effectifs. Pour 2007, nous espérons porter notre résultat net de 803 à 843 millions de dirhams, soit une augmentation de 5%. Pourtant, ces deux années ne devaient pas connaître d'évolution, contrairement aux exercices 2008, 2009 et 2010. Qu'en sera-t-il sur cette période ? De 2008 à 2010, nos résultats évolueront de 65% en moyenne par rapport aux projections faites lors de notre introduction en Bourse. Globalement, les nouvelles projections prévoient, pour 2008, une augmentation de 63% du résultat net par rapport à ce que l'on en attendait lors de l'introduction. Ce taux est de 97% pour l'exercice 2009 et de 130% pour 2010. A cet horizon, nous nous attendons à un résultat net de 3,615 milliards de dirhams. Vos perspectives de développement ont-elle été revues en conséquence ? Nous avons signé des partenariats en novembre et décembre avec des sociétés pour la mise en place d'entité avec des parts égales à partir de 50 millions de dirhams chacune. Aujourd'hui, les études de faisabilité sont en cours. Au fur et à mesure qu'une affaire s'inscrit dans la pérennité, nous le ferons savoir au marché. Il faut juste remarquer que notre business plan actuel ne prend pas en considération ces partenariats. Nous nous basons uniquement pour le moment sur les terrains acquis. Prévoyez-vous des projets d'investissements à l'étranger ? Il y a des contacts avec des partenaires venant de pays de l'Afrique du Nord. Depuis notre introduction en Bourse, plusieurs opérateurs de cette région et même de l'Afrique subsaharienne sont venus frapper à notre porte. Il y a des pourparlers, mais il est encore trop tôt pour en parler. Vu l'appétit que suscite Addoha auprès des boursicoteurs, devrions-nous nous attendre à une nouvelle cession d'une partie du capital en Bourse ? Absolument pas. Pour le moment, nous nous en tenons aux 35% déjà cédés en Bourse. Il n'y a aucune intention de céder quoi que ce soit. Avez-vous gardé la même organisation qu'auparavant ? Il y a eu des changements à ce niveau. Sur le plan opérationnel, Addoha s'est doté de directions régionales avec à leurs têtes des directeurs régionaux et toute une structure répondant aux besoins de proximité du marché. Nous avons ainsi un directeur régional à Marrakech, à Rabat, à Agadir et à Tanger. A l'instar de ce qui se passe à Casablanca, ces régions sont dotées d'un guichet unique, assurant le suivi de toutes les étapes d'acquisition jusqu'à la remise des clés. De même, nous faisons appel dans ces villes à tous les métiers sur place. Votre conseil d'administration va-t-il changer ? De nouveaux administrateurs seront nommés lors de la prochaine assemblée générale à laquelle seront soumis les résultats de 2006. Ce sera certainement après le 31 mars et avant juin 2007. Pas question d'abandonner le logement économique A l'instar de Hassan Ben Bachir, conseiller du président du groupe, tous les administrateurs d'Addoha récusent l'idée d'une certaine politique de développement du haut standing au détriment du logement économique. «Nous avons ouvert nos activités au haut standing pour des questions stratégiques, mais l'économique restera toujours le cœur de notre métier», explique M. Ben Bachir. La preuve, poursuit-il, «entre 2008 et 2010, nous construirons 65 000 logements économiques, soit 13 500 de plus par rapport à nos prévisions de juin 2006». Et de rappeler que, sur la même période, ce sont seulement 6 500 logements haut standing qui sont prévus. Il est vrai, admet-il, que le prix de l'un n'étant pas celui de l'autre, les 13 500 logements économiques dégageront le même chiffre d'affaires que les 6 500 du haut standing. Pas de crainte aussi qu'Addoha abandonne Casablanca, ville où le foncier intra-muros est devenu trop cher pour les petits opérateurs. «Nous avons quatre à cinq projets de logements économiques à Casablanca qui n'ont fait que démarrer. Entre temps, l'élargissement du périmètre urbain apportera une solution au secteur», rassure Noredine El Ayoubi, confiant en l'avenir. .