Des escrocs ont abusé de la confiance d'une vingtaine de sociétés marocaines. Ils achetaient des marchandises en payant à l'aide de chèques certifiés émanant d'une entreprise fictive. Ils viennent d'être mis hors d'état de nuire. Près de deux millions de dirhams ont été versés par une vingtaine d'entreprises établies à Casablanca, Fès, Marrakech, Tanger, Safi, Sidi Ifni et Agadir entre autres dans les poches d'une redoutable bande d'escrocs. Ces entreprises ont eu le malheur de vendre des marchandises à une entreprise en faisant confiance à des chèques certifiés. Mais quand elles se sont présentées aux guichets bancaires, elles ont découvert que l'entreprise en question ne disposait pas de compte bancaire. S'agirait-il d'une société fictive ? De toute évidence, c'est la réalité. C'est ainsi qu'un grand nombre de plaintes, au motif d'escroquerie, avaient fini par “s'abattre“ sur un certain nombre de commissariats de police émanant d'une interminable liste d'entreprises : Mag Trading pour quatre lots de peinture d'une valeur de 387.493 DH, Robelbois pour un lot de bois de 212.880 DH, Style de Vie pour 210.722 DH de parfums, Marbre Route Médiouna pour 200.000 DH de marchandises, Marbre Lissasfa pour quatre lots de marbre d'une valeur de 160 000 DM, Marbre Oukacha et Marbre Route Bouskoura pour respectivement 150 000 et 110.000 DH d'impayés, But pour un ordinateur et un téléviseur, soit 170.000 DH, Cometing Rabohat Frigorifique pour six climatiseurs d'une valeur totale de 85 000 DH, Bemam pour 54.000 DH d'ordinateurs, Layalits pour un salon à 24.000 DH, «O» Gallery pour 20.000 DH de produits de beauté, la Coopérative Acnari pour 20.664 DH de confiture, Music 11 Janvier pour deux lots d'instruments de musique à 15 000 DH, Hyper-Bureau pour un ordinateur à 10 968 DH… Jusqu'à Ittissalat Al Maghrib qui se plaignait, quant à elle, d'un impayé de 27 340 DH soit la valeur de seize téléphones… Entendus par les services de police, les plaignants s'accordent à mettre en cause une jeune femme charmante prénommée Souâd, qui se présentait en qualité de comptable chargée des achats au nom d'une société dénommée Platform. Lors de la transaction, cette jeune femme faisait valoir à ses clients qu'elle leur enverrait un chèque certifié pour emporter la marchandise. Son chauffeur chargé du transport des produits, Mohamed, sera identifié en premier par les enquêteurs de la brigade de police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, à Casablanca, après plusieurs semaines d'enquête. Une fois entre les mains de la police, Mohamed avouera sans hésister l'identité de son chef, un certain Saïd. Arrêté à son tour, ce dernier livrera les noms de ses deux complices principaux. Il s'agit d'un homme prénommé Jamal et de Souâd, la soi-disant comptable : les deux seront arrêtés quelques heures plus tard, Souâd étant en possession, à ce moment-là, de la somme de 105.000 DH. Trois autres personnes, Miloud, Jamal et Houssine, tomberont également dans les filets des enquêteurs. Chez ces derniers, les enquêteurs saisiront des cachets, des carnets de chèques au nom de la société Platform et une flopée de chèques remis par des victimes. La perquisition se soldera également par la saisie de fausses cartes d'identité nationale et d'un passeport. Au “rayon“ des receleurs, les policiers mettront enfin hors d'état de nuire trois personnes. Cependant, deux voleurs à l'arraché qui approvisionnaient les membres de cette bande d'escrocs en cartes d'identité nationale et autres documents officiels, pourtant rigoureusement identifiés, sont encore en état de fuite. Au total, ce sont neuf personnes membres de cette bande, dont trois receleurs, qui ont été traduits devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca. Il auront sans doute l'occasion de méditer, au cours de la durée de l'emprisonnement qui ne devrait pas manquer de leur être infligé, sur le fait qu'en affaires désormais, il vaut mieux la jouer “réglo“ ou chercher ailleurs des gogos.