Le procès contre l'hebdomadaire arabophone «Nichane» s'est déroulé hier lundi 8 janvier. Le verdict contre le directeur et une journaliste du magazine sera prononcé lundi prochain. La Chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Casablanca rendra, le 15 janvier, son verdict dans l'affaire de l'hebdomadaire Nichane, dans laquelle sont poursuivis le directeur de la publication Driss Ksikes et la journaliste Sanaa Al Aji pour publication d'un article jugé "attentatoire à la religion islamique". Dans son réquisitoire, lors de l'ouverture du procès, lundi à Casablanca, le ministère public a demandé la "condamnation des deux journalistes et l'interdiction de la publication de l'hebdomadaire ainsi que de l'exercice de la profession pour les deux journalistes", tout en rejetant de leur accorder les circonstances atténuantes. La défense a, pour sa part, demandé leur acquittement pour "bonne foi". L'hebdomadaire arabophone avait consacré, dans son numéro du 9 au 15 décembre dernier, un dossier intitulé "Blagues : comment les Marocains rient de la religion islamique". Les deux journalistes sont également poursuivis pour "publication et distribution d'écrits contraires à la morale et aux mœurs, et ce conformément aux articles 41, 59, 67 et 68 du Code de la presse. La rédaction de l'hebdomadaire avait, dans un communiqué, précisé qu'elle ne visait pas, à travers la publication de ce dossier, à "heurter" les sentiments des lecteurs musulmans et réitéré ses vives excuses, tout en s'engageant à poursuivre son travail avec professionnalisme et dans le respect de ses lecteurs quelles que soient leur religion et leurs croyances. Le Premier ministre avait pris, es qualité et au nom du gouvernement, un arrêté motivé d'interdiction de l'exposition sur les voies publiques ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit de "Nichane", en application de l'article 66 du Code de la presse, après la publication par l'hebdomadaire d'anecdotes "attentatoires à la religion et aux sentiments des Marocains", rappelle-t-on. Rappelons aussi que, suite à cette interdiction, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), tout en déplorant l'interdiction "par voie extrajudiciaire" de l'hebdomadaire Nichane, avait indiqué en se basant sur sa charte déontologique que la pratique journalistique saine "doit s'attacher au respect des valeurs qui fondent l'identité collective et les convictions notamment religieuses de la société marocaine". "La FMEJ, qui considère tout ce qui heurte les valeurs constitutives de la société comme étant en dehors de la mission journalistique, prend acte des excuses présentées par la publication (Nichane) et réitère son attachement aux valeurs déontologiques prônées par la Charte d'éthique notamment le respect de la dignité humaine ainsi que le respect des convictions religieuses...", avait souligné la fédération dans un communiqué adressé à la MAP. La Fédération marocaine des éditeurs de journaux avait rappelé, d'autre part, son attachement dans le domaine des affaires de presse à l'application stricte de la loi dans le cadre de procédures de justice qui offrent toutes les garanties de droit aux publications poursuivies dans le cadre d'un procès équitable.