Six mois après la fin de la douzième édition du Festival de Rabat, les participants attendent toujours leurs indemnités. Pour leur part, les organisateurs pensent déjà à la prochaine édition. Le Festival de Rabat refait parler de lui. Des artistes se plaignent de ne pas avoir reçu leurs indemnités. Et ils ne sont pas les seuls, le staff technique et artistique chargé de l'organisation, lui non plus, n'a pas été payé. Six mois après la fin du festival, seul un tiers des artistes aurait reçu son dû, le reste se trouve toujours sur la liste d'attente. Selon le directeur artistique du festival, Houcine Chaâbi, qui n'a pas été payé non plus, ces problèmes sont à imputer à des lenteurs administratives. Organisé par l'Association du Festival de Rabat, cet événement reçoit des subventions de trois parties : le conseil de la région Rabat-Salé Zemmour-Zaïr, le conseil de la ville de Rabat, ainsi que le conseil préfectoral. «Le financement devait se faire en trois tranches, mais jusqu'à présent seule la première tranche a été débloquée», indique le directeur artistique. Depuis le démarrage du festival, seul le conseil de la région a débloqué les 800.000 DH qui ont permis de rétribuer une partie des artistes qui se sont produits. «Les paiements se sont faits par ordre chronologique, les premiers artistes à offrir leurs prestations étaient les premiers servis», souligne Houcine Chaâbi. Pour lui, la liste des honoraires dus à tous les participants au festival a été établie et «une fois que le reste du budget du financement sera débloqué, tout le monde pourra recevoir ses indemnités». Les hôtels, les restaurants et même le théâtre Mohammed V n'ont pas été indemnisés pour leurs services. Les autres années, l'Association du Festival de Rabat ne s'est pas heurtée à pareil retard. Pourquoi un tel problème aujourd'hui ? Abdelhak Mantrach, troisième vice-président du conseil municipal de Rabat, préfère mettre cela sur le compte des autorités locales qui refusent, selon lui, d'assurer la pérennité du Festival de Rabat. Soit, mais n'y a-t-il pas d'autres explications ? Selon une source informée à la wilaya de Rabat, «l'Association du Festival a reçu deux subventions. La première lui a été accordée par le président du conseil de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr, le PI Abdelkarim Berkia (850.000 DH) et la deuxième par le président du conseil de la ville, le MP Omar Bahraoui (2 millions DH)». La même source ajoute par ailleurs que la première subvention, qui devait financer la semaine du film, a été versée au président de l'Association malgré le fait que les organisateurs aient réduit la durée de l'événement à deux jours uniquement évoquant le déclenchement de la guerre au Liban. Pour ce qui est de la deuxième subvention, le wali a autorisé son versement à condition que les organisateurs présentent les justifications nécessaires des dépenses antérieures. Une condition tout à fait légitime. D'autant plus que des sources informées rappellent que l'Association du Festival de Rabat, malgré le fait qu'elle a reçu d'importantes subventions, des prestataires de services n'ont pas été payés. Les mêmes sources précisent que tant à la wilaya qu'à la Cour des Comptes, il a été soulevé le problème de l'incompatibilité entre le statut d'élu et la présence au bureau dirigeant de l'Association de certains acteurs associatifs. Rappelons que Abdelhak Mantrach est à la fois troisième vice-président du conseil municipal et président de l'Association du Festival de Rabat. «Pour le wali de la région, la promotion des activités culturelles est très importante et prioritaire, mais l'orthodoxie dans la gestion des dépenses émanant des deniers publics est une religion», ajoute la même source.