Le président du Corcas a tenu, mercredi à Rabat, une conférence de presse pour annoncer que la proposition du projet d'autonomie des provinces du Sud a été soumise à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «Le Polisario ne représente pas les Sahraouis. C'est un organisme militaire en crise en ce moment parce que le Maroc a apporté une solution reconnue et approuvée au plan mondial, afin d'éviter les conflits». Le Maroc réitère, à nouveau, sa décision de doter ses provinces du Sud de leur autonomie comme l'a souligné, hier à Rabat, Khalli Henna Ould Errachid, président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), lors d'une conférence de presse à laquelle les médias nationaux, arabes et espagnols ont assisté massivement. Les déclarations du Corcas étaient, en effet, très attendues, après sa session extraordinaire qu'il a tenue les deux jours précédents. «Nous avons terminé l'élaboration de la proposition du projet d'autonomie des provinces du Sud que les membres du Corcas ont approuvé à l'unanimité, après six mois de débats. La monture finale de la proposition est à présent soumise au Souverain qui en décidera», affirme le président du Corcas. Les médias ne sauront rien du contenu de ce projet, qui reste donc confidentiel jusqu'à ce qu'il soit approuvé par SM le Roi. En attendant, Ould Errachid précise, cependant, que le projet prend en compte trois points essentiels, dont le premier est le maintien de la souveraineté du Maroc sur le Sahara «de manière à lever tout type de doute à ce sujet». Le second point concerne les populations qui disposeront du droit de gérer leur intérêt général directement et de la totalité des droits politiques, économiques, sociaux et culturels. «Troisième point : ce projet d'autonomie garantit et correspond parfaitement à la légalité internationale», insiste M. Ould Errachid. Cela veut dire que ce projet n'est ni une décentralisation, ni une régionalisation mais «une audace politique» pour reprendre les propos du président du Corcas. Pour ce dernier, il n'y a pas lieu de contester ce choix qui met fin à un conflit qui aura duré trente années. La France, l'Espagne et l'Union européenne, à travers son conseil, sa commission et son parlement, ont unanimement approuvé ce choix politique, dont le projet a été élaboré exclusivement par l'ensemble des parties concernées, d'après M. Ould Errachid. Et d'ajouter qu'aucune partie étrangère n'y a contribué ou apporté son avis. Le président du Corcas a tenu, de ce fait, à démentir qu'il aurait soumis les grandes lignes du projet à Peter Van Walsum, envoyé spécial de Kofi Annan. «Je ne lui ai pas soumis le projet. Nous avons juste discuté de la solution que préconise le Maroc pour résoudre le problème du Sahara», a-t-il affirmé. Qu'en pensera l'Algérie ? Pour le président du Corcas, ce pays a toujours montré un certain «paradoxe» vis-à-vis du conflit autour du Sahara, tantôt en dégageant sa responsabilité de ce problème, tantôt en appuyant le Polisario. «Nous demandons à l'Algérie de donner à nos frères le droit de choisir l'autonomie», indique M. Ould Errachid, soulignant tout de même que «ce pays voisin partage le souci du Maroc de construire le Grand Maghreb» mais qu'il n'a pas à accepter ou à refuser la proposition d'autonomie. Choix immuable, l'autonomie s'impose aux adversaires par sa conformité aux dispositions de la légalité internationale. Et en tant que telle, elle ne leur donne pas le choix de la refuser. Tout dialogue éventuel avec le Maroc ne pourra donc se faire à ce propos que s'il y a accord sur le principe d'autonomie. La mise en œuvre du projet d'autonomie nécessitera, pour le Maroc, la réforme de sa Constitution et l'établissement de nouvelles structures qui formeront l'autonomie des provinces du Sud, à savoir un gouvernement, un parlement, une autorité judiciaire, comme le précise M. Ould Errachid. Ce dernier avance qu'il a l'intime conviction que l'écrasante majorité des Sahraouis seront satisfaits par cette proposition. Il ne reste plus qu'à attendre sa mise en œuvre par le Souverain.