L'égalité est toujours un vœu pieux, même si le principe est énoncé par la nouvelle Moudaouana. La quatrième édition du Grand Prix national de la presse a consacré nos consœurs, seul un prix leur a échappé et sans vouloir offenser celui qui l'a reçu, je suspecte le Jury de discrimination positive au profit du genre masculin. Dans toutes les rédactions depuis plus d'une décennie, le phénomène est perceptible : la gent féminine a investi ce métier avec force. Les filles ont des qualités de rigueur, de sensibilité, de modestie que malheureusement, nombre de jeunes garçons ne partagent pas. Leur accès aux responsabilités est un processus en cours, difficile comme partout ailleurs, le machisme étant ce qu'il est, mais d'évidence irréversible. Chaque matin, des millions de femmes se réveillent non pas pour vaquer aux tâches domestiques, mais pour un travail rémunéré. Elles sont souvent le vrai «chef de famille» et ce sont ces revenus qui assurent la cohésion de familles nombreuses en situation de précarité éternelle. Au-delà de tous les discours féministes, c'est cette réalité-là qu'il importe de prendre en compte. Elle est totalement en déphasage avec la situation juridique de la femme. L'égalité est toujours un vœu pieux, même si le principe est énoncé par la nouvelle Moudaouana. Plus terre-à-terre, trop de femmes meurent à l'accouchement, trop de petites filles sont privées d'éducation, trop de bourgeois exploitent ces mêmes petites filles dans des conditions esclavagistes. Ces mêmes bourgeois sont dans les associations pour la scolarisation des petites bonnes. Ce combat-là est essentiel, c'est celui de la modernité du pays. Ce projet passe d'abord par l'égalité des individus, celle-ci englobant aussi les droits sociaux et économiques. Sur ce plan-là, l'ensemble des couches populaires ont des revendications justes, celles des femmes sont encore plus justes, c'est tout. A l'inverse, il y a des combats que je trouve décalés. Il faut une dose énorme d'hypocrisie pour me soupçonner de machisme aggravé. Cependant, j'ai beaucoup de mal à saisir l'opportunité de la bataille pour l'élargissement de la liste nationale. Déjà celle-ci me paraît jouer contre l'accès des femmes aux responsabilités partisanes. Tous les partis sans exception, ont saisi cette opportunité pour évacuer le problème des candidatures féminines. Les femmes ont joué le jeu et ont préféré se battre entre elles pour le classement à l'intérieur de cette liste plutôt que d'imposer à leur parti de présenter des femmes dans des circonscriptions gagnables. Le résultat est que nous avons 30 parlementaires qui n'ont aucune attache locale, ce qui leur pose un réel problème de visibilité et de contact populaire. Or, la discrimination positive avait pour objectif d'habituer le quidam de base à voir des femmes parlementaires et donc faciliter leur élection. Suivant ce raisonnement, très spécieux il me paraît, on devrait avoir en 2007 des femmes en position éligible, en plus de la liste nationale. Le combat des femmes, en tous les cas, aurait dû logiquement prendre ce sens. Demander un quota plus large pour les femmes et toujours par le biais de la liste nationale est tout simplement une revendication qui n'apporte rien à la construction démocratique et encore moins à la cause des femmes. Elle a même donné des idées à certains qui ont plaidé pour un élargissement de la liste nationale… aux cadres, ce qui aurait abouti à un suffrage censitaire unique. Autant le combat pour l'égalité, pour l'émancipation, pour les droits est exaltant, autant ce même combat travesti par l'opportunisme est insignifiant, il est presque masculin, car la grande victoire du machisme c'est quand les femmes singeront la mesquinerie des hommes politiques.