Un projet de Charte définissant les règles déontologiques qui doivent présider à l'exercice du journalisme vient de voir le jour. Cette initiative, qui porte la signature de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, définit les droits et devoirs des journalistes. Initiative fondatrice pour le métier de journalisme. La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) vient d'élaborer un projet de Charte déontologique pour les professionnels de la presse. Une sorte de code d'éthique qui définit, de manière précise, les règles d'usage qui s'imposent pour exercer le métier. Un recadrage utile qui se veut un plaidoyer pour la liberté de la presse qui est d'abord une responsabilité. Ce travail est motivé par la conscience « du rôle qui incombe à la presse dans la défense des intérêts suprêmes du pays, dans la contribution à l'éducation aux valeurs de la citoyenneté, et dans la propagation de la culture démocratique et de ses valeurs », précise la FMEJ. Précision portée par un souci éminemment citoyen, puisqu'elle rappelle le devoir de la presse envers son pays. En exprimant son attachement à « la liberté de la presse, au droit du citoyen à l'information et au savoir, son droit à exprimer son opinion librement pour acquérir les moyens d'une participation consciente et indépendante à la vie publique de la société et au contrôle des responsables de la gestion des affaires publiques », la FMEJ appelle à mettre une « ligne de démarcation entre le devoir de ne pas traiter de la vie privée du Roi et des membres de la Famille royale, et le droit au traitement journalistique du mode de gouvernance appliqué dans notre pays et l'accompagnement des revendications de réforme et ce, en utilisant un style qui se caractérise par le professionnalisme, l'honnêteté intellectuelle et le respect dû au Chef de l'Etat et au Commandeur des croyants». S'agissant de l'intégrité territoriale du pays, la FMEJ affirme qu' «il est du devoir de la presse de ne pas inciter au séparatisme, ni l'encourager et moins encore de faire l'apologie de la violence et de la justifier». En mettant en garde contre ce comportement, la FMEJ reconnaît «le droit de la presse nationale à acquérir toutes les informations nécessaires auprès des sources qui les détiennent, à moins que ces informations ne relèvent des secrets de la Défense nationale», ajoutant que la presse a également le droit de tenir en compte les attentes du citoyen et son droit à se tenir informé. Cet engagement, précise la FMEJ, ne signifie pas une adoption pure et simple de la gestion du dossier par le gouvernement, les autorités politiques n'ayant pas le droit «de dicter à n'importe quelle publication nationale la manière dont elle devrait défendre l'intégrité territoriale du pays ; il appartient à toute publication de traiter des développements en rapport avec ce dossier indépendamment des autorités politiques et selon son style et sa ligne éditoriale». En ce qui concerne le pluralisme culturel et ethnique du peuple marocain, la FMEJ appelle à la préservation de cet acquis en condamnant la violence et le terrorisme, soulignant, par la même occasion, la nécessité «d'affronter les appels en apostasie» et les «discours haineux et racistes». Sur la question de la véracité de l'information, la Fédération recommande le respect de la vérité. Pour elle, l'honnêteté et la crédibilité qui doivent présider à la diffusion des informations, des analyses, des commentaires et autres opinions. Elle insiste également sur l'exigence de procéder à des rectifications au cas où l'information s'avérerait mensongère. Au sujet de la vie privée des citoyens, la Fédération appelle au respect de la dignité des gens, en dehors de toute distinction de couleur, de nationalité et de religion. Même revendication pour les enfants, notamment ceux qui sont victimes de crimes comme la pédophilie. La presse doit s'abstenir de publier les photos de ces enfants, ainsi que celles des témoins et des auteurs des crimes. La nécessité de garantir la protection aux journalistes pendant l'exercice de leur métier figure également sur la liste des priorités de la Fédération, qui insiste sur la nécessité de se porter solidaire avec les journalistes en cas d'agression, de pression ou de chantage. Sur le volet de la concurrence, la Fédération insiste sur le principe de la «loyauté», demande de mettre de côté la «guerre verbale» entre les entreprises de presse et défend le droit des journaux poursuivis en justice à des procès équitables.