Pour l'annulation des dispositions «liberticides» des lois électorales, les partis d'opposition viennent d'annoncer leur plan de bataille. A l'ordre du jour, la création d'une coordination nationale chargée d'organiser au courant du mois de novembre un vaste mouvement de protestation. Un nouveau pas vers l'escalade entre la majorité et les partis d'opposition à la veille de la discussion du projet de loi portant modification du code électoral. A l'appel du Parti socialiste unifié (PSU), des représentants de plusieurs partis d'opposition se retrouveront aujourd'hui à partir de 18H30 à Rabat pour sceller la création d'une coordination nationale destinée à protester contre les mesures «liberticides» contenues dans le nouveau projet de code électoral. En ligne de mire, la fameuse disposition qui oblige le candidat de tout parti qui n'a pas réussi à avoir un minimum de 3% des voix lors des élections législatives de 2002 à recueillir un total de 1000 signatures dans huit régions du Royaume au moins. «Cette mesure exclut d'office 70% des partis marocains de la participation aux législatives de 2007», dénonce Mohamed Moujahid, secrétaire général du PSU, pour qui cette disposition qu'il qualifie d'«anti-constitutionnelle» est susceptible de réduire l'action de la majorité des partis politiques à son étroite expression associative. Par la même occasion, le chef de file du PSU a regretté que l'USFP (Union socialiste des forces populaires), « un parti démocratique ami », continue de défendre un projet contesté par une coalition de pas moins de 16 partis. L'USFP est, aujourd'hui, le seul parti de la Koutla à s'accrocher à un tel choix, sachant que le Parti de l'Istiqlal et le PPS ont abandonné la défense du seuil de 3 % du scrutin de 2002 posé comme une condition à toute candidature au scrutin de 2007, après avoir affirmé dans un communiqué conjoint soutenir «le droit de tous les partis à participer aux prochaines élections». «En cette période charnière dans le processus d'édification d'un Etat de droit, ce qui importe est l'élargissement de la sphère de participation pour qu'elle soit globale et aboutisse à une représentation parlementaire de l'ensemble des couches sociales», a exhorté M. Moujahid, qui a aussi insisté sur la nécessité d'élargir la représentativité des femmes au sein de la représentation nationale. «Le un tiers des femmes doit être représenté», a-t-il revendiqué. Une revendication qui figure, par ailleurs, parmi les priorités de la coordination nationale, laquelle prévoit de faire monter la pression sur le gouvernement en perspective du lancement de la discussion du projet controversé prévu à la dernière semaine du mois de novembre. En plus du sit-in national prévu «dans les jours à venir» devant le Parlement, les représentants régionaux de la Coordination s'attelleront à développer plusieurs mouvements de protestation. Initiée par le Parti socialiste unifié, la coordination nationale de protestation contre les lois électorales englobe, outre des représentants de partis politiques, des juristes, des défenseurs des droits de l'Homme et autres acteurs de la société civile. Ce projet de loi avait été «recalé», en juillet dernier, lors de l'avant-dernier Conseil des ministres. Il a fini par être adopté par le dernier Conseil en date avant d'être transmis au Parlement où la bataille promet bien des empoignades. Pour essayer de calmer le jeu, le Bureau politique de l'USFP avait appelé le groupe parlementaire socialiste à organiser une journée d'étude sur le sujet en présence de tous les partis. Présence qui ne semble pas acquise…