Le Comité interministériel de la sécurité routière vient de prendre des mesures pour sécuriser le transport. Les professionnels les estiment logiques mais insuffisantes. Ils mettent à l'index le caractère opaque du processus de délivrance des autorisations et des agréments. Juillet et août ont été particulièrement deux moismeurtriers pour les routes marocaines, avec un nombre de tués (870) en augmentation de 13, 87%. D'où tout un train de mesures prises par le Comité interministériel de sécurité routière (CISR) restreint présidé par le Premier ministre, Driss Jettou, et composé des ministres de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, de l'Intérieur, Chakib Benmoussa et de l'Equipement et des Transports, Karim Ghellab, du général de corps d'armée commandant de la Gendarmerie royale, Housni Benslimane et du directeur général de la Sûreté nationale, Cherki Draïss. Cette réunion de haut niveau a été suivie par celle d'un Comité permanent de sécurité routière (CPSR), présidé par M. Ghellab avec les représentants de ces mêmes départements. Parmi les mesures prises, le renforcement du contrôle figure au premier rang. La police et le département de l'Equipement et des Transports mèneront des actions systématiques en milieu urbain et en rase campagne. Les brigades mobiles seront redéployées dans les endroits à très forte probabilité d'accidents. Les sanctions peuvent aller jusqu'au retrait du permis de conduire ou le paiement de l'amende forfaitaire. Tout autocar conduit par un chauffeur non déclaré sur la carte d'autorisation du véhicule comme conducteur permanent sera «immobilisé jusqu'à cessation de l'infraction», indique le ministère de l'Equipement. Il en est de même pour tout autocar faisant un trajet de plus de 500 km et ne disposant pas de deux chauffeurs à bord. Par ailleurs, le comité a ainsi demandé aux ministres de la Justice, de l'Intérieur et de l'Equipement et des Transports de préparer une circulaire conjointe afin d'instruire les différents corps concernés sur les actions opérationnelles décidées, de préciser et de clarifier les mesures et les modalités de leur mise en œuvre immédiate jusqu'à l'entrée en vigueur du nouveau code de la route. Il est à rappeler que ce nouveau projet de code de la route, adopté en Conseil des ministres le 20 juillet 2006, donne les moyens d'une politique pérenne de lutte contre les accidents de circulation. Les professions liées à la sécurité routière seront réglementées. Par ailleurs, le CISR a demandé à la Gendarmerie royale, la police et le ministère de l'Equipement et des Transports d'actualiser d'urgence le plan de contrôles national et régional afin d'harmoniser et d'optimiser les actions et les moyens en ressources humaines et matériel mobilisés par les différents corps. Demande a été aussi faite au ministère de l'Intérieur de saisir les walis pour la redynamisation des comités régionaux de sécurité routière et leur responsabilisation totale sur les résultats enregistrés dans leur région, l'actualisation d'urgence des plans régionaux de contrôle ainsi que l'évaluation d'objectifs par région. Evidemment, la mise en place de ces nouveaux dispositifs était suivie de près par la profession. Pour Abdellilah Hifdi, président de la Fédération des transporteurs – section CGEM -, il s'agit de décisions tout a fait logiques vu le taux de sinistralité sur les routes marocaines. «Seulement, regrette-t-il, il s'agit de mesures qui vont générer des surcoûts au niveau du transport de voyageurs. Qui va régler l'addition ?» Selon les professionnels, depuis 15 ans, le prix du transport de voyageurs n'a pas bougé d'un iota. D'où le dumping social et la violation des règles de sécurité avec les coûts externes (pollutions) que la collectivité paie. D'où la réserve du président de la Fédération : «Ce sont des mesures bonnes, mais pas des solutions globales », insiste-t-il en mettant à l'index la règle, «opaque », d'octroi des autorisations et d'agréments. Selon les opérateurs, plus de 3000 autorisations circulent au Maroc. Et si le mal venait de là ?