Accusée de ne pas avoir respecté ses engagements vis-à-vis de la culture amazighe, la SNRT réagit. Fayçal Laraïchi affirme que la société qu'il préside «a largement atteint ses objectifs». Pour ce qui est du lancement d'une chaîne amazighe, il demande que le contrat-programme avec l'Etat soit revu pour définir son financement. ALM : La SNRT a-t-elle réellement failli à ses engagements vis-à-vis de la culture amazighe ? Fayçal Laraïchi : Les engagements de la SNRT sont régis par un cahier des charges établi par le gouvernement et approuvé par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA). Partant de là, la SNRT s'applique à atteindre les objectifs fixés. Le cahier des charges est pluriannuel (2006-2008), il a été approuvé en janvier dernier, un mois avant la signature du contrat-programme concrétisant la création de la SNRT. Depuis, la SNRT a ouvert d'innombrables chantiers pour faire face à son changement de statut. Dans ce cadre où plusieurs chantiers évoluent en parallèle, la SNRT s'applique à remplir ses engagements définis, notamment pour ce qui concerne la TVM, par l'article 32 du cahier des charges. En vertu de cet article, la TVM s'engage à diffuser un journal télévisé quotidien, - la SNRT diffuse trois journaux en tarifit, tachelhit et tamazight -, un programme quotidien du lundi au vendredi à mettre en place au plus tard en décembre 2006 et une émission hebdomadaire d'information ou de société. Nous avons déjà commencé la production de cette émission. Nous avons six épisodes en stock et l'émission sera programmée après le mois de Ramadan, et nous diffusons déjà plus de quatre heures de chansons chaque mois au sein de l'ensemble de notre programmation musicale et de variétés. Sur ce dernier point, l'objectif est largement atteint. S'agissant de téléfilms, le tournage d'un total de 15 téléfilms en amazigh est achevé. Nous avons déjà diffusé un téléfilm. En ce qui concerne le théâtre, il faut faire du stock. La production n'est pas un exercice instantané. Le cycle de production des fictions est long… La SNRT travaille avec abnégation pour réaliser les objectifs fixés par le cahier des charges dans le cadre de la loi sur l'audiovisuel. La création de la chaîne de télévision amazighe est-t-elle dictée par un besoin réel ou vise-t-elle uniquement à apaiser la polémique sur une « sous-valorisation» présumée de l'amazigh dans les médias publics ? Dans le cadre de la promotion de la culture amazighe, une chaîne de télévision s'impose. Maintenant, il faut travailler pour que cela se fasse dans les meilleures conditions professionnelles afin de satisfaire le citoyen dans le cadre de la mission de service public. Simplement, il va falloir revoir le contrat-programme avec l'Etat pour définir le financement de cette chaîne afin qu'elle voie le jour. Cette chaîne serait-elle généraliste ou thématique ? Elle englobera divertissement, culture, fiction, information… Il s'agit donc d'une chaîne généraliste qui nécessite des moyens importants. La restructuration de la RTM, nouvellement appelée la SNRT, nous a permis de mettre en place une organisation qui fait qu'aujourd'hui il y a une économie d'échelle quant à la création de cette chaîne. Par exemple, les structures de diffusion en télévision numérique terrestre sont mutualisées entre les différentes chaînes. Et donc dès que la chaîne de télévision amazighe entrera en fonction, elle sera hébergée sur un réseau qui est actuellement mis en place avec les autres chaînes de service public. S'il fallait dupliquer le schéma de la TVM avant la mise en place de la Télévision numérique terrestre (TNT), il faudrait un budget de 600 millions de dirhams pour mettre en place un réseau de diffusion analogique de la nouvelle chaîne. Nous n'avons pas les moyens. Et c'est pour cela que le choix a été fait, il y a plus d'un an, de mettre en place le réseau de diffusion numérique terrestre. La création de la chaîne de télévision amazighe ne peut être qu'un enrichissement du paysage audiovisuel national qui répond à notre diversité culturelle. Pendant ce Ramadan, le téléspectateur a eu droit, encore une fois, à une programmation indigeste. La médiocrité est-elle une fatalité télévisuelle ? La programmation de ce Ramadan est devenue plutôt fluide et plus lisible. On a une séquence humoristique, un jeu de découverte de notre pays et on a un grand télé-feuilleton égyptien considéré comme la meilleure production arabe de cette année, à savoir «Abdelhalim Hafed, Al andalib». On a également opté du lundi au jeudi de chaque semaine pour une série policière marocaine et, du vendredi au dimanche, pour une programmation variée en soirées. Finalement, nous avons décidé de sortir de la linéarité contraignante pour aller vers une grille aérée, digeste et identifiable. Pour ce qui est de la production, les deux chaînes de télévision font appel à toutes les compétences marocaines. Nous faisons l'acquisition de scénarios ou de textes, la majorité est produite en externe et la minorité en interne. Notre objectif est d'offrir, année après année, le mieux que nous puissions faire. Et c'est par ce travail de production que nous réussissons à offrir à nos téléspectateurs un produit de plus en plus attrayant. La dernière enquête d'audience sur le terrain confirme la bonne tenue des chaînes nationales (près de 62% des parts de marché). En plus, le volume de production nationale de fiction a explosé ces dernières années par l'effort conjugué des deux chaînes. La qualité suivra nécessairement. Comment se présente le rapport entre la TVM et 2M dans le cadre du pôle audiovisuel national ? Au niveau de la programmation, le principe de concurrence est de mise parce qu'il faut pousser vers la qualité. 2M met en place son programme indépendamment du programme de la TVM. Cela dit, il y a une coordination au niveau des moyens techniques de diffusion, de la transmission et de la couverture de certains événements.