L'association Léa pour Samy-La voix de l'enfant autiste dénonce le peu d'efforts consentis aux associations de parents d'enfants handicapés et à l'autisme par le département de Yasmina Baddou. Quelques jours après la conférence nationale sur l'enfant handicapé, tenue vendredi à Rabat, l'Association Léa pour Samy-La voix de l'enfant autiste réagit. Elle dénonce ce qu'elle appelle «l'oubli» des associations de parents oeuvrant pour l'éducation des enfants handicapés par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées. «C'est le devoir de l'Etat de mettre en place les moyens techniques et financiers pour l'éducation tel que le stipulent les lois marocaines et les chartes internationales», souligne l'association. Pour M'Hammed Sajidi, président de Léa pour Samy, le chiffre avancé par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de la Solidarité et de l'Action sociale et qui est de 972 enfants handicapés (tout type confondu) devant bénéficier d'un budget de 7 millions de dirhams attribué à leur éducation est bien en dessous des attentes qui, elles, sont beaucoup plus importantes. «Il y a 65.000 enfants atteints d'autisme et de troubles envahissants du développement, soit un enfant sur 166, selon des statistiques internationales. Le Maroc pourrait compter, à lui seul, 180.000 enfants et adultes atteints d'autisme», souligne-t-il. Comment agir si les moyens font défaut ? C'est la question à laquelle se voient confrontés de nombreux parents n'ayant d'autre choix que de prendre entièrement en charge la formation de leurs enfants. «Nous ne recevons aucune subvention des collectivités locales ni de mécènes pour les aider. Nous sommes justement en train de sensibiliser certaines parties afin qu'elles nous apportent leur aide. Nous contactons surtout les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, en ce moment», affirme le président de l'association. Casablanca, Rabat, Salé, El Jadida, Marrakech, Agadir, Meknès, Fès, Meknès et Oujda ont vu la naissance de classes spécialisées dans l'éducation d'enfants handicapés. Plus d'une quinzaine d'associations opérant dans l'autisme ont été créées et ce chiffre devra augmenter jusqu'à atteindre une centaine d'ici 2008, selon les estimations de l'association Léa pour Samy. Des enfants autistes bénéficient d'éducation spécialisée grâce à des relais locaux (antennes et associations). Léa pour Samy appelle d'ailleurs à élargir ce réseau associatif en réunissant toutes ses composantes en une «Union nationale autisme». En plus des sources de financement, le handicap nécessite une compétence en matière de formation spécialisée, de dépistage et de diagnostic. «Nous avons rencontré Mme Yasmina Baddou, il y a deux ans de cela, et nous lui avons proposé la formation d'une commission de spécialistes et la mise en place d'un plan d'action pour l'autisme. Malheureusement, il n'y a rien eu de concret», regrette M. Sajidi. Au secrétariat d'Etat concerné, on se prépare à émettre un communiqué de presse en réponse à la réaction de Léa pour Samy. En attendant, le département de Yasmina Baddou tient à souligner son intérêt grandissant pour la prise en charge de l'autisme. «Cette année, le département a accordé plus d'un million et demi de dirhams aux centres qui s'occupent de l'éducation des enfants autistes à Casablanca, à Rabat, à Tanger, à Oujda et à Settat», affirme un conseiller de Mme Baddou. Le secrétariat d'Etat insiste sur le fait que l'octroi d'un budget aux associations est soumis à une procédure bien définie. «Premièrement, il faut que la famille de l'enfant handicapé, inscrit dans un centre, dépose une demande. Il est obligatoire que cette famille dispose d'un certificat d'indigence, c'est une condition à l'approbation du dossier. Ensuite, des négociations sont engagées entre le secrétariat d'Etat et le centre afin de déterminer le montant à payer. Cet accord est scellé, par la suite, par la signature d'une convention de partenariat», tient-on à expliquer. Selon le secrétariat d'Etat, l'association Léa pour Samy ne s'est pas portée candidate à la demande d'une subvention et elle n'en a donc pas bénéficié.