L'Algérie serait-elle une nouvelle plaque tournante de l'émigration vers l'Espagne ? L'interception sur les côtes Est de l'archipel ibérique d'une quarantaine d'embarcations en provenance de l'ouest algérien suscite de sérieuses inquiétudes à Madrid. Le centre de l'émigration vers l'Espagne a-t-il changé de camp ? En 48 heures, entre lundi et mercredi derniers, plus de 500 immigrants illégaux en provenance d'Algérie ont été interceptés dans le large de Murcie et Almeria (est espagnol). Un chiffre record et une nouvelle donne dans l'équation de l'émigration illégale. Dans la presse madrilène, on soupçonnait jeudi la découverte d'une « nouvelle route » de l'immigration clandestine entre les côtes ouest de l'Algérie et de l'est de l'Espagne. Ce changement de centre n'est pas le fruit du hasard, la fermeté du Royaume du Maroc à l'égard de ce phénomène a fini par payer. «La coopération hispano-marocaine, non seulement fonctionne, mais elle est menée de manière excellente», a assuré Consuelo Rumi, secrétaire d'Etat espagnole à l'Immigration, à l'issue d'un séminaire organisé mercredi dernier à Madrid par la Fondation «Pablo Iglesias». Un «modèle de coopération» exemplaire, a renchéri Mme Rumi. Et d'ajouter que d'autres pays émetteurs d'immigrants illégaux devront prendre exemple sur le Royaume. «Des fondements sont en train d'être jetés pour pouvoir suivre l'exemple de l'excellente coopération hispano-marocaine», a-t-elle indiqué. L'Algérie qui s'était mise dans une posture de « spectateur » devra accaparer l'attention après l'interception dans l'est espagnol d'une quarantaine d'embarcations en provenance de ses côtes ouest. Il faut signaler que cet afflux vers la région de Murcie est sans précédent, sachant que les flux migratoires se faisaient particulièrement vers le sud ouest de l'Espagne. Ce changement de cap vient alourdir la facture du gouvernement socialiste de Zapatero, appelé à faire face, d'une part, à l'émigration subsaharienne vers les Iles Canaries, et de l'autre, aux immigrants illégaux en provenance de l'Algérie. Une charge supplémentaire pour Madrid, qui ne rate aucune occasion pour demander « davantage de mobilisation » de la part de l'UE pour renforcer le contrôle dans la frontière sud de l'Europe. Profitant de la tenue, jeudi dernier en Finlande, de la réunion des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'UE, Madrid a appelé les 25 pays du Vieux continent à « faire preuve de davantage de solidarité pour endiguer les flux migratoires ». Sur le front intérieur de l'Espagne, le gouvernement Zapatero a rejeté les accusations du Parti populaire (PP, opposition), qui a attribué cette nouvelle vague d'émigration à la politique de régularisation. Le ministre de la Justice Juan Fernando Lopez a jugé jeudi « faux et démagogique » de lier la régularisation massive de quelque 600.000 immigrés dans son pays en 2005 à l'afflux actuel de clandestins. « Ce type de déclarations est simpliste et démagogique. Ceux qui disent cela ignorent les motivations de ceux qui fuient la famine, la misère et le désespoir », a-t-il martelé.