L'intervention aérienne et au sol contre le double incendie qui s'est déclaré dans le couvert forestier du Rif au niveau des provinces de Chaouen et Larache, a réussi à briser les principaux fronts de feu, mais la lutte contre plusieurs foyers se poursuit toujours, a-t-on appris, dimanche après-midi, auprès des PC de commandement sur place. La progression des fronts d'incendie, qui s'étendaient sur plusieurs kilomètres, a été enrayée grâce à l'intervention aérienne massive et au travail ardu des équipes au sol, indique un responsable du PC. Le dernier bilan des dégâts fourni par les deux PC provinciaux fait état de plus de 2.700 ha de forêts ''touchées par le feu''. La lutte se concentre en ce moment sur plusieurs foyers tenaces dont l'ampleur varie d'un moment à l'autre en fonction du vent. Dimanche matin, deux canadairs français sont arrivés à Tanger pour appuyer les appareils marocains et espagnols engagés sur les deux sites. Les deux avions de la protection civile française, accompagnés par un équipage de neuf personnes, ont déjà effectué une série de largage sur les brasiers des forêts Moqrisset et Zoumi à Chaouen. La flottille aérienne concentre ses largages sur ces deux forêts en raison du relief montagneux et la difficulté pour les équipes au sol à accéder à certains foyers. D'autre part, cette région est peuplée d'arbres résineux, tel le pin. Le feu dans de telles forêts est très violent en raison de la résine inflammable contenue dans les troncs de ce type d'arbres. Les dégâts dans les superficies parcourues par le feu sont irrémédiables dans les forêts peuplées d'arbres résineux, au contraire des couverts forestiers constitués d'arbres dit ''feuilleux'' comme c'est le cas à Larache. Dans la forêt de Bni Yessef (Larache), une bonne partie des superficies de chêne-liège parcourues rapidement par le feu peut se régénérer à la prochaine saison des précipitations. L'épaisse écorce de liège qui enveloppe le tronc de ce type d'arbre protège sa partie vitale, explique un responsable provincial des eaux et forêts. La même source tient à expliquer que sur l'ensemble de la superficie touchée par le feu (1.300 ha), un couvert forestier de 380 ha seulement peut être considéré comme totalement détruit par l'incendie. Durant le samedi et dimanche, quelques 450 personnes (protection civile, gendarmerie, Forces armées royales, Forces auxiliaires, Eaux et Forêts, volontaires), appuyées par l'intervention aérienne, livraient sans relâche une rude bataille contre quatre foyers actifs sur le versant ouest de Jbel Amgadi (Province de Larache). Des foyers résiduels du front de feu de plusieurs km qui a été enrayé à la suite de plusieurs jours de lutte de jour comme de nuit. Après de courtes accalmies où l'incendie semble être vaincu, les foyers fumants se revigorent et les flammes s'élèvent à une vingtaine de mètres à la moindre levée du Chergui. Un vent d'Est qui n'a pas observé de répit depuis près d'une semaine sur la région. Le poste de commandement installé sur un site d'observation, ne cesse de donner des instructions pour déployer et redéployer les équipes au sol en fonction de l'évolution de la situation et des priorités, notamment celle de protéger les populations locales. Les équipes de Larache ont, en effet, réussi à stopper la progression du feu à quelques dizaines de mètres d'un grand douar perché sur le versant Ouest de Jbel Amgadi. En plus de la lutte directe engagée contre les quatre foyers instables, le PC de Larache tient absolument à arrêter le feu au niveau de la route secondaire Larache-Chaouen. L'enjeu est de protéger une vaste zone verdoyante reboisée en pin en contrebas de la montagne. Pour la journée de dimanche, l'objectif paraît réalisable. A Chaouen comme à Larache, la situation semble maîtrisable et l'on prévoit de venir à bout des deux incendies dans les deux prochains jours. Mais tout optimisme est à relativiser en fonction de l'évolution de la météo. Un renversement de la situation est envisageable à tout moment avec le redoutable et imprévisible vent d'Est.