Le ministère des Habous et des Affaires islamiques poursuit son action sur le terrain de la construction et de l'encadrement des mosquées. Le plan de développement lancé l'année dernière se double d'un plan destiné notamment à lutter contre les mosquées informelles. Lundi 3 septembre. M. Mrizeq, délégué régional à Casablanca du ministère des Habous et des Affaires islamiques, est de retour de vacances. Un appel au téléphone vient l'arracher à ses dossiers de la rentrée. Un citoyen inquiet du risque de dérive extrémiste signale l'existence d'une mosquée « informelle» dans son quartier, animée par un «imam» improvisé. L'homme a été engagé par un groupe d'habitants qui le rémunèrent et le logent en échange de la conduite des cinq prières quotidiennes et de séances d'explication du Coran. Pour la forme, le délégué régional se fait préciser l'emplacement exact de cette mosquée aux fins d'enquête en rassurant son interlocuteur : le cas échéant, les mesures appropriées seront prises immédiatement. Une précision s'impose : selon les critères du ministère, il ne s'agit pas là d'une mosquée mais d'une salle de prière. On en compte près de 3500 de ce type au niveau national, dont 500 pour la région du Grand Casablanca. Toutes catégories confondues et toujours selon les statistiques du ministère des Habous et des Affaires islamiques datant du mois de juillet dernier, le nombre de lieux réservés à la pratique de la religion islamique au Maroc s'élève à 39.876, répartis entre mosquées et salles de prière. L'occasion pour M. Derouiche, qui coiffe la direction des mosquées au sein du ministère, de souligner que les mosquées et salles de prière en activité dans le Royaume font l'objet d'un recensement systématique. On apprend ainsi que 6194 mosquées souffrent d'un manque de mobilier, que 2 743 doivent être restaurées, que 1 396 nécessitent des équipements acoustiques et que 631 lieux de culte se trouvent dans un état de dégradation menaçant ruine. Au-delà des chiffres et pour en revenir à l'appel de ce citoyen casablancais inquiet du phénomène de création de mosquées « informelles», M. Derouiche souligne la mise en œuvre l'année dernière d'un plan de développement des mosquées couplé à un plan de régularisation. Il s'agit, bien entendu, de fermer les salles de prière non conformes aux normes de salubrité et d'hygiène mais aussi d'installer des mosquées là où il en manque et enfin de prévoir, selon des normes urbaines extrêmement rigoureuses, l'emplacement des mosquées dans les futures zones ouvertes à l'aménagement. 43 nouvelles mosquées ont ainsi été créées l'année dernière, tandis que le ministère a intégré 23 salles de prière dans son domaine. La moyenne nationale est de huit mosquées pour 5000 habitants. Les statistiques établissent également que la grande majorité des mosquées du Royaume sont financées par des bienfaiteurs, 26% seulement étant financées par les pouvoirs publics. Dans le but de préserver la sécurité des fidèles, le ministère des Habous et des Affaires islamiques annonce par ailleurs avoir pris des mesures urgentes dont la fermeture de 17 mosquées se trouvant dans un état de dégradation ou menaçant ruine ainsi que celles utilisées par certains comme foyers d'endoctrinement et de propagande pour des appels à l'extrémisme et à la violence. Se pose à ce niveau le problème crucial de l'encadrement qui constitue, reconnaissent les responsables du ministère chargé du culte islamique, un véritable «champ de bataille». Un arrêté pris il y a quatre mois est donc venu imposer la nomination des imams et prêcheurs par le ministre. Cette mesure fait suite au cycle de formation mis en place par le ministère, dont la première promotion est déjà en service et qui forme 150 imams et morchidates par an. Ils viendront grossir les rangs des quelque 53 000 chargés de culte en service auprès de la population.