Une cinquantaine de pays, dont le Maroc, étaient représentés hier à la conférence internationale sur l'aide d'urgence au Liban. Objectif : réunir 500 millions de dollars pour permettre au pays du Cèdre de se relever des ruines d'une guerre désastreuse. Après les bombes d'Israël, les bombes du FMI ! Une suite logique et inéluctable d'une guerre qui, en l'espace de 34 jours de bombardements et de pilonnage israéliens, a balayé les efforts consentis par le Liban pour effacer les méfaits d'une autre guerre que la même Tsahal lui a faite durant les années 80. Mais, face à l'exigence de reconstruction, le pays du cèdre ne sera pas seul. Jeudi, des diplomates de près de cinquante pays, dont le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, se sont réunis à Stockholm lors d'une conférence visant à récolter une aide d'urgence de 500 millions de dollars pour alléger la souffrance d'un Liban sorti exsangue d'une guerre qui l'a ramené 15 ans en arrière, comme l'a relevé le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, dans la capitale suédoise. Les seuls dégâts matériels infligés au pays ont été estimés à quelque 3,6 milliards de dollars par les autorités libanaises. Et ce n'est pas tout. Toujours selon le Premier ministre libanais, «les dégâts à long terme pour l'économie coûteraient des milliards supplémentaires». Ce bilan, lourd de conséquences, risque de s'aggraver dangereusement. Alors que la communauté internationale s'emploie à se donner « bonne conscience » en essayant d'aider ce Liban qu'elle a vu ployer sous les bombes de « l'armée la plus sophistiquée du Moyen-Orient », l'Etat hébreu, lui, a exclu la levée du blocus qu'il continue d'infliger au pays du cèdre en violation de la résolution 1701, ignorant les appels des Nations unies et des associations internationales de défense des droits de l'Homme. L'une d'entre elles, Amnesty International a, dans un rapport accablant sur la guerre au Liban, accusé les dirigeants israéliens d'avoir commis des « crimes contre l'humanité ». Face à l'acharnement d'Israël de vouloir assiéger le Liban, verrouillant les frontières aériennes, maritimes et terrestres, pour soi-disant empêcher tout trafic d'armes à destination du Hezbollah, les efforts internationaux pour aider ce pays risquent d'être contrecarrés. A ce propos, le chef du gouvernement libanais a souligné que « pour assurer une aide efficace au Liban, Israël doit lever son blocus et évacuer ses troupes ». Même ton chez l'ancien ministre des Finances, Georges Corm, qui a appelé à la levée du blocus le qualifiant de « scandale ». «Il n'y a pas un bateau qui accoste au Liban sans l'accord des Israéliens et l'aéroport de Beyrouth n'a pas été vraiment ouvert au trafic», a-t-il dénoncé dans un entretien au journal français « Les Echos du Jeudi ». Par ce blocus, Israël, qui continue de violer l'espace aérien et maritime et d'occuper plusieurs positions dans le Sud du Liban, est en train d'affaiblir la position même de l'Etat libanais, face à un Hezbollah qui a enregistré une longueur d'avance importante dans le domaine de la reconstruction. Le ministre suédois des AE a mis en garde contre ce risque, en affirmant que «l'objectif politique (escompté par la conférence) est d'envoyer le message que nous voulons un Liban fort». «Ce n'est pas seulement dans l'intérêt du Liban (…) mais je pense qu'Israël et d'autres pays voisins ont beaucoup à gagner d'un Liban stable et prospère», a-t-il ajouté. Une situation difficilement envisageable, tant que Tel-Aviv continue de camper sur ses positions.