Dans un rapport intitulé «Israël-Liban : destructions délibérées ou dommages collatéraux», Amnesty International accuse Israël de crimes de guerre au Liban. Une volée de bois vert à la face de l'Etat hébreu. Amnesty, l'organisation internationale des droits de l'Homme basée à Londres, vient d'établir la responsabilité d'Israël dans des « crimes de guerre » commis au Liban. Dans un rapport intitulé « Israël-Liban : destructions délibérées ou dommages collatéraux », Amnesty International exclut la version des « dommages collatéraux » affirmant que l'armée israélienne avait « délibérément pris les civils pour cibles» lors de sa campagne de bombardements du Liban. Entre autres preuves citées à l'appui de cette affirmation, Amnesty se réfère à la déclaration de Dan Haloutz, le chef d'état-major israélien, lors de l'offensive du Tsahal au Sud-Liban: «Rien n'est à l'abri (au Liban), c'est aussi simple que cela. Rien ni personne n'a été, en effet, épargné par les bombardements. Les éléments suggèrent fortement que la destruction massive de centrales d'eau et d'électricité et des infrastructures indispensables au transport de la nourriture et de l'aide humanitaire, était délibérée et s'inscrivait dans une stratégie militaire», a martelé Kate Gilmore, secrétaire générale adjointe d'Amnesty International. L'envergure et le schéma des attaques «indiscriminées et disproportionnées», le nombre élevé de victimes et de destructions, sont autant d'éléments qui «indiquent qu'une telle destruction était délibérée et faisait partie d'une stratégie militaire, plutôt que de dommages collatéraux», a insisté Kate Gilmore, qui a demandé aux Nations unies de mener une enquête indépendante sur les violations du droit humanitaire international qui auraient été commises au Liban. Dans son rapport, AI affirme que Tsahal a mené plus de 7.000 frappes aériennes contre 7.000 cibles au Liban entre le 12 juillet et le 14 août. Pendant ce temps, la marine israélienne a effectué 2.500 bombardements et tirs d'artillerie contre le Liban. S'agissant des dégâts humains, plus de 1.000 Libanais ont péri, dont un tiers était des enfants. Amnesty International a également dénombré 4.000 blessés et 970.000 personnes déplacées, soit un quart de la population du Sud-Liban. En ce qui concerne les dégâts matériels, elle affirme que le gouvernement libanais a relevé 31 installations-clés, des aéroports aux usines de retraitement des eaux usées, partiellement ou totalement détruite, en plus de 80 ports et 94 routes endommagés. Plus de 25 stations-service ont également été touchées, de même que 30.000 maisons, bureaux et magasins. En réaction à ces faits plus que parlants, l'Etat hébreu avance des allégations qui ne tiennent pas debout. «Tsahal prenait pour cibles les positions et les installations auxiliaires du Hezbollah et les autres dommages occasionnés aux infrastructures civiles étaient dus au fait que le Hezbollah avait utilisé la population civile comme bouclier humain», a affirmé le gouvernement israélien, cité par Amnesty International. Le mode, l'étendue et l'intensité des attaques «ôtent toute crédibilité à l'affirmation par Israël que les attaques des infrastructures étaient légales», réplique AI dans son rapport. Lequel a mis en émoi le gouvernement israélien qui est déjà soumis à une forte pression de son opinion publique lui demandant de rendre des comptes sur la déroute de Tsahal au Liban.