Nouvelle escalade de la violence interconfessionnelle en Irak. Une quarantaine de personnes ont été tuées par des miliciens chiites dans un quartier à majorité sunnite de Bagdad. Jamais la capitale irakienne n'avait connu de pareilles violences interconfessionnelles. Une quarantaine de personnes ont été tuées par des miliciens chiites dans un quartier à majorité sunnite de Bagdad. Aussitôt, un double attentat contre un lieu de culte chiite a fait 19 morts et 59 blessés. C'est pour la première fois, des chiites armés et masqués ont assassiné froidement des passants pour la seule raison qu'ils étaient sunnites. Certains éléments de ces commandos sont même allés chercher leurs victimes dans leurs maisons. En tout, au moins 42 personnes ont été tuées parmi lesquelles des femmes et des enfants. Le quartier Jihad, dans l'ouest de la capitale, est majoritairement sunnite, mais des chiites y vivent également. Les hommes armés avaient installé des barrages. Ils ont demandé aux passants leurs papiers afin de savoir s'ils étaient sunnites. Des coups de feu ont par ailleurs été entendus dans deux autres quartiers sunnites tandis que des habitants de Djihad disent avoir vu des dizaines de personnes quitter leur maison. Les personnels médicaux du principal hôpital de l'ouest de Bagdad ont dit avoir reçu 29 cadavres et d'autres corps gisent, selon eux dans les rues. Le service de presse du ministère de l'Intérieur et l'armée américaine ont affirmé que 12 corps seulement avaient été trouvés. Quelques heures plus tard, 19 personnes ont été tuées et 59 blessées dans un double attentat à la voiture piégée près d'un lieu de prière chiite, la Husseiniyat Aal-al-Bait, dans le quartier de Kasra, à Bagdad. Ce déchaînement de violence d'une ampleur sans précédent dans la capitale irakienne constitue un nouveau revers de poids pour le programme de réconciliation nationale du Premier ministre Nouri al Maliki. La police et des hommes politiques sunnites accusent les milices de l'Armée du Mehdi, fidèle à l'imam chiite radical Moktada Sadr, ainsi que des commandos de policiers d'avoir perpétré ces assassinats. Mais des responsables du mouvement de Sadr ont démenti toute implication dans ces violences. Dans un communiqué, l'imam chiite a lancé un appel au calme : « J'exhorte toutes les forces gouvernementales et populaires à faire preuve de retenue et à prendre leurs responsabilités d'abord devant Dieu, ensuite devant la société ». Des tensions interconfessionnelles sont apparues au sein même du gouvernement, des proches de Maliki ayant reproché au vice-Premier ministre sunnite ses propos jugés incendiaires sur l'implication des chiites dans les violences. Pour sa part, le président irakien Jalal Talabani, a lui aussi appelé à la retenue : « Nous sommes aujourd'hui au bord d'un gouffre dans lequel nous ne souhaitons pas voir les Irakiens plonger. Celui du meurtre sur la base de l'identité et du massacre d'innocents sans raison ». Procès Saddam : boycott des avocats La défense au procès de Saddam Hussein et de sept co-accusés présentait ses conclusions lundi, mais la plupart des avocats étaient absents en guise de protestation après le meurtre le mois dernier d'un des conseils de l'ancien président irakien. L'ancien raïs et ses sept co-accusés sont jugés pour le massacre de Doujaïl au cours duquel 148 chiites avaient été tués en 1982 après une tentative d'assassinat visant Saddam Hussein. L'un des avocats de l'ancien président Saddam Hussien, Nadjib al-Noueimi, a expliqué qu'ils avaient décidé de boycotter le procès jusqu'à l'installation de meilleures mesures de sécurité.