Le Polisario n'a pas le choix que celui de participer à des négociations pour l'autonomie au Sahara. C'est ce qu'affirme Lorenzo Olarte Cullen, constitutionnaliste espagnol et ex-président du gouvernement canarien, de passage à Rabat. L'avis du Polisario doit être pris en considération pour un éventuel processus d'autonomie au Sahara, mais il ne saurait être question d'en faire l'unique et le seul interlocuteur. C'est ce qu'a déclaré, lundi à Rabat, Lorenzo Olarte Cullen, constitutionnaliste espagnol et ex-président du gouvernement autonome des Îles Canaries. Pour ce dernier, un tel processus doit être précédé par un dialogue national vu que le Polisario ne saurait prétendre à la représentation de tous les Sahraouis. Selon M. Cullen, le Polisario ferait mieux, au préalable, de résoudre ses problèmes internes et se rendre à cette réalité que les données actuelles ne sont pas forcément celles de 1975 : le conflit armé, l'option, abandonnée, d'un référendum, le cessez-le-feu et surtout la "grande hémorragie" dans les rangs du Polisario avec le nombre croissant de sahraouis qui rallient le Maroc. L'ex-président du gouvernement canarien, interrogé par ALM sur d'éventuelles négociations entre le Maroc et le Polisario sur le sol des Îles Canaries, affirme que ces dernières sont un "territoire de négociation et de réconciliation" surtout avec les bonnes relations qu'entretiennent les Îles Canaries avec le Maroc, "pays dont la collaboration a été décisive, par exemple, contre l'immigration clandestine et pour la protection des côtes canariennes", ajoute M. Cullen. Ce dernier affirme que, à l'instar de l'Espagne avec l'ETA, le Maroc doit donner cette chance (de négocier) au Polisario. En cas de refus du Polisario de prendre part à ce processus ? L'ex-président du gouvernement canarien répond que le Polisario n'a pas le choix et que, dans un tel cas de figure, il pourrait être écarté surtout si un accord intervenait avec la majorité des Sahraouis. "Et au cas où il reprendrait les armes, il serait considéré par la communauté internationale comme une organisation terroriste", avertit M. Cullen qui affirme que cette option serait une menace, intolérable, pour la stabilité dans toute la région y compris pour les Îles Canaries en raison de la proximité géographique avec le Sahara. Quelle attitude adopter avec l'Algérie ? L'ex-président canarien répond que ce pays constitue actuellement le "bras politique" du Polisario et qu'il faut l'associer à toute solution du conflit. M. Cullen ne mâche toutefois pas ses mots, affirmant que l'Algérie, via le Polisario, cherche à créer un "Etat satellite" pour avoir un débouché sur l'Atlantique. Au début de la conférence de presse qu'il a donnée à Rabat, lundi 19 juin 2006, Lorenzo Olarte Cullen a déclaré que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait preuve de beaucoup de courage politique pour s'être exprimé pour une autonomie au Sahara. Pour l'ex-responsable canarien, ce processus ressemble à un travail d'"orfèvre" qu'il faut mener dans le cadre d'un dialogue serein. Lorenzo Olarte Cullen, invité par l'Association sahraouie de défense des droits de l'Homme (ASADEDH), animera aujourd'hui, à Rabat à partir de 19h, une conférence sous le thème : "Expérience espagnole et perspectives de la future autonomie des provinces marocaines du Sud". Auparavant, il a tenu une série de rencontres avec des membres du CORCAS, des chefs de partis politiques et des membres du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme).