ALM a rencontré Lorenzo Olarte Cullen en marge de sa visite effectuée récemment à Laâyoune. Pour lui, l'Algérie et le Polisario ne veulent pas que le problème d'Aminatou Haidar soit réglé. ALM : Pourquoi, selon vous, l'affaire de la renégate Aminatou Haidar a soulevé un tel tollé médiatique ? Lorenzo Olarte Cullen : Le problème d'Aminatou Haidar s'est aggravé du fait que cette dame a choisi d'entreprendre sa grève de la faim dans l'aéroport de Lanzarote, qui est une île proche historiquement et géographiquement du Sahara. Il y a aussi un autre élément, c'est la culture de souveraineté qui diffère entre le Maroc et l'Espagne. Cette dernière est devenue membre de l'Union européenne, donc sa conception pour la souveraineté est devenue limitée. D'ailleurs, cette Union dispose d'une unique monnaie et d'une économie commune. Donc l'ancienne conception de souveraineté n'existe plus. Au Maroc, ce n'est pas le cas. La transition démocratique qui a eu lieu au Maroc fait que les Marocains sont très heureux de ce changement. La fierté nationale règne auprès des citoyens et des partis politiques. Si, par exemple, en Espagne une femme comme Amintaou Haidar annonce devant les policiers qu'elle n'est pas espagnole, on ne va pas s'intéresser à ses propos. Alors qu'au Maroc, c'est la fierté nationale qui a poussé à la prise de cette décision. Cette affaire affectera-t-elle les relations maroco-espagnoles? Non, pas du tout. C'est comme un caillou dans la chaussure, qui va s'y attacher un peu de temps, mais elle va vite s'en débarrasser. Il ne faut pas oublier qu'une longue histoire commune réunit les deux pays. Quelle est la part de l'Algérie dans cette affaire ? Si et seulement si l'Algérie n'a pas été derrière cette situation, elle en est certainement très heureuse ainsi que le Polisario. L'Algérie et le Polisario ne veulent pas que ce problème soit réglé. Et si Mme Haidar meurt, ils vont la transformer en symbole pour en profiter au maximum. D'ailleurs, les deux ont gagné en matière de sympathie durant les jours de grève de Mme Haidar plus que ce qu'ils en ont obtenu en 30 ans. Vous êtes connu comme l'un des grands constitutionnalistes espagnols. En cette qualité, étiez-vous toujours proche de l'affaire du Sahara ? Je me suis rendu à Laâyoune plusieurs fois, notamment en 1964 et 1974. Durant cette période, je venais régulièrement à Laâyoune deux fois par an, accompagné par le staff de la Cour de justice, pour exercer mon métier initial d'avocat. En 1974, j'ai été élu président du gouvernement autonome des Îles Canaries. A cette époque, j'ai été le bras droit d'Adolfo Suarez et j'ai participé à la transition démocratique qu'a connue l'Espagne de l'époque. J'ai aussi été deux fois vice-président du gouvernement autonome des Îles Canaries. Comme j'ai participé à la prise de décisions importantes concernant la réforme de la Constitution du gouvernement autonome des Canaries avant son entrée dans l'Union européenne.