Les attaques anti-chrétiennes perpétrées, vendredi dernier, contre des fidèles de l'église copte à Alexandrie, ont provoqué une série de heurts intercommunautaires. La police égyptienne a fait état de 20 blessés. Le ministre égyptien de l'intérieur a imputé les attaques perpétrées, vendredi 14 avril 2006, contre des fidèles de l'église copte en Alexandrie (nord de l'Egypte), à un seul homme. Un déséquilibré mental, qui d'après le ministre aurait des antécédents. En annonçant cette version des faits, les autorités égyptiennes s'attendaient à un apaisement des esprits. Question d'éviter les affrontements intercommunautaires. Mais voilà que l'inverse qui s'est produit. Au lendemain de ces agressions, vingt personnes ont été blessées et plusieurs voitures ont été incendiées dans des accrochages ayant opposé des musulmans et des coptes à Alexandrie. Des centaines de coptes portaient le cercueil de Nushi Atta Girgis, tué vendredi à l'âge de 78 ans. L'homme a été poignardé en même temps que deux autres alors qu'ils sortaient de la messe à Sidi Bichr, quartier d'Alexandrie. Des attaques à l'arme blanche dans deux autres églises de cette même ville ont fait jusqu'à 16 blessés vendredi. La police a fait état de 20 blessés -musulmans et chrétiens- dans les affrontements de samedi qui ont également vu quatre voitures brûler. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Elles ont interpellé 15 personnes. Les dirigeants coptes ont reproché au gouvernement égyptien de ne pas savoir protéger la minorité chrétienne du pays. Dans un communiqué, ils accusent le ministère de l'Intérieur de mentir en affirmant qu'un déséquilibré est seul derrière les trois attaques anti-chrétiennes. L'église copte a ainsi rejeté samedi la version officielle. Un prélat copte a lu samedi matin, au nom des églises d'Alexandrie, une déclaration soulignant qu'il s'agissait d'«un plan terroriste visant toutes les églises à l'approche de Pâques». «Je ne crois aucun des scénarios décrits dans les journaux. C'est incroyable et inacceptable», a déclaré de son côté Mounir Fakhri Abdelnour, un dirigeant copte du parti libéral néo-Wafd. Selon le ministère de l'Intérieur, un seul homme Mahmoud Salaheddine Abdel Razek, 25 ans, «souffrant de troubles psychologiques», a attaqué des fidèles dans trois églises, tuant une personne et blessant cinq autres. Des sources policières avaient auparavant affirmé que deux assaillants avaient perpétré les attaques à l'arme blanche, faisant un mort et 12 blessés et qu'un troisième assaillant avait été arrêté avant de passer à l'acte. Abdel Razek a été placé en détention provisoire pour quatre jours. Il est accusé d'«homicide volontaire, d'entrée illégale dans un lieu de culte et de possession d'une arme blanche sans permis», selon l'agence gouvernementale Mena. Par ailleurs, les députés des Frères musulmans (islamistes) à Alexandrie ont dénoncé les attaques dans un communiqué. «Nous considérons ce crime comme un attentat visant tout le peuple égyptien, musulman et copte, et nous appelons les forces de l'ordre à protéger les lieux de culte». «Nous mettons en garde contre toute utilisation de cet incident malheureux pour porter atteinte à l'unité des citoyens égyptiens», ajoute le texte.