La découverte du pétrole au large de Chenguitti a rendu le pays de Mohamed Ould Vall subitement attrayant aux yeux des opérateurs économiques marocains en visite de prospection actuellement en Mauritanie. Une forte délégation composée d'une quarantaine d'hommes d'affaires marocains et des caméras de 2M effectue du 11 au 14 avril une mission de prospection économique en Mauritanie. Présidée par Salaheddine Mezouar, ministre de l'Industrie, du Commerce et de la mise à niveau de l'économie, cette mission veut tâter le terrain d'un pays devenu subitement intéressant grâce à sa toute nouvelle vocation pétrolière qui ouvre des perspectives alléchantes pour l'économie mauritanienne jusqu'ici cantonnée dans des secteurs marginaux ( fer, élevage, agriculture pêche). C'est dire que la découverte de l'or noir aiguise bien des appétits extérieurs et nourrit les espoirs de ce pays d'Afrique du nord-ouest -coincé entre le Maroc et le Sénégal - qui se rêve désormais en émirat pétrolier. C'est dans ce cadre qu'il convient donc de placer le déplacement de la délégation des opérateurs économiques marocains issus de secteurs aussi divers que l'agroalimentaire, le transport, la pêche, les travaux publics, la sidérurgie, les BTP, les fruits et légumes, les produits pharmaceutiques et la bancassurance. Parmi les projets les plus attendus, l'ouverture à Nouakchott d'une succursale de la Banque populaire. D'ailleurs, le président de la BCP Noureddine Omari a dépêché son représentant El Morjani Abdellatif. Chaque entrepreneur marocain veut, aujourd'hui plus qu'hier, mettre à profit l'excellence des relations politiques entre Rabat et Nouakchott, pour prendre une bonne option sur l'avenir. Se positionner et dénicher des partenaires locaux. Objectif : prendre sa part de la prospérité à venir en vendant quelque chose à une population qui bientôt parlera le langage des pétrodollars en place et lieu des ouguiyas (au 19 janvier 2005, 1 euro valait 335,049 ouguiyas) ou proposer son savoir-faire dans tel ou tel secteur à un pays qui manque de tout ou presque. Dans ce sens, sont prévues des rencontres entre les opérateurs privés des deux côtés avec visites “d'unités industrielles“. Emmenée par les grosses pointures du patronat local qui attendent beaucoup de retombées de cette visite en termes d'opportunités économiques et commerciales, la partie mauritanienne a réservé un accueil des plus chaleureux à ses hôtes du Royaume avec une débauche de salamalecs et d'accolades. Mais au-delà de l'euphorie des affaires, l'Etat mauritanien est appelé, confiance oblige, à mettre rapidement en place un dispositif juridique solide susceptible de protéger les intérêts des investisseurs étrangers. L'or noir La Mauritanie deviendra producteur dans quelques semaines. Un gisement de pétrole a été découvert dans l'océan Atlantique et la société australienne Woodside exploitera les champs de Chinguetti repérés au large de la Mauritanie par cette firme en 2001. Relativement modeste en taille (un peu plus de 100 millions de barils), ce gisement, où la production au rythme de 75 000 barils/jours doit commencer incessamment, a néanmoins son importance parce qu'il marque la première découverte commerciale dans le pays, ouvrant une nouvelle région d'exploration pétrolière en offshore profond. Un gisement de plus petite taille, Tevet, a été découvert au voisinage et sera très probablement rattaché à la même plate-forme flottante. Plusieurs autres gisements (Tioff, Banda, Tevel) ont été repérés, et l'exploration continue, menée notamment par Woodside et Dana Petroleum. La Mauritanie a un avenir prometteur comme exportateur (certes relativement mineur) de pétrole et peut-être de gaz naturel. Ces gisements sont estimés à 950 millions barils de pétrole avec une qualité plutôt bonne.