Malgré l'ultimatum du Conseil de sécurité de l'Onu, l'Iran continue à défier la communauté internationale en annonçant avoir réussi à enrichir de l'uranium, la mettant ainsi devant le fait accompli. Plus la pression monte contre l'Iran, plus ce dernier multiplie les provocations. Après des essais de missiles hyper-sophistiqués, le pays, dirigé par l'ultaconservateur Mahmoud Ahmadinejad, vient de défier à nouveau la communauté internationale, mais cette fois en la mettant devant le fait accompli. L'Iran a annoncé mardi avoir réussi à enrichir de l'uranium et décidé d'accélérer son programme nucléaire pour produire du combustible pour ses futures centrales. Au cours d'une allocution télévisée, le président iranien a annoncé que la République islamique faisait partie à présent des Etats maîtrisant le cycle nucléaire et qu'elle avait décidé de passer à un stade industriel de l'enrichissement de l'uranium. «J'annonce officiellement que l'Iran est entré dans le groupe des pays qui ont la technologie nucléaire», a-t-il déclaré. Quelques minutes avant lui, le directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique avait déclaré que de l'uranium enrichi à 3,5% - insuffisant pour produire une bombe atomique - avait commencé à être produit par les 164 «centrifugeuses en cascade» de son site de Natanz, dans le centre du pays. L'enrichissement d'uranium est une étape cruciale de la filière nucléaire, car il permet de produire aussi bien du combustible pour alimenter une centrale que la charge fissile d'une bombe atomique. Selon l'ex-président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani, l'expérience a été réalisée avec une «cascade», ou assemblage, de 164 centrifugeuses. Ce nombre est théoriquement insuffisant pour produire l'uranium hautement enrichi, à hauteur de 90%, nécessaire à l'arme suprême. Mais le véritable problème n'est pas celui du nombre de centrifugeuses, mais du savoir-faire. En clair, si l'Iran a accompli un saut technologique en maîtrisant le fonctionnement d'une cascade de petite taille, rien ne l'empêche de passer à un enrichissement à grande échelle. C'est pourquoi, sous la pression des Etats-Unis et de leurs alliés, le Conseil de sécurité des Nations unies a donné à l'Iran jusqu'au 28 avril pour suspendre toutes ses activités d'enrichissement, comme le lui a demandé avant l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, est chargé de rendre compte au Conseil de l'application ou non par Téhéran de cette demande. Or il est justement attendu à Téhéran pour des entretiens jeudi avec les autorités iraniennes. Dans ce contexte, l'annonce de l'enrichissement coupe l'herbe sous le pied du directeur de l'Agence. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l'Iran doit totalement coopérer avec l'AIEA. Lors d'une rencontre avec son homologue jordanien, M.Lavrov a indiqué qu'il était très important que l'Iran coopérerait complètement avec l'AIEA pour éclaircir les questions en suspens conformément aux décisions de l'agence des Nations unies. Sergueï Lavrov, a toutefois précisé que l'usage de la force ne permettrait pas de résoudre le problème iranien. L'Union européenne a également déploré l'annonce faite par l'Iran, tout en soulignant qu'elle continuerait à favoriser une solution diplomatique.
Après l'Irak, l'Iran ? Récemment, le magazine «New Yorker» et le quotidien «Washington Post» ont écrit que l'administration américaine planchait sur des possibilités militaires contre l'Iran, envisageant des bombardements plus ou moins étendus, et éventuellement l'emploi d'armes nucléaires tactiques, pour détruire les structures protégeant les sites iraniens. Le président Bush a qualifié ces informations de «pure spéculation». Des responsables américains et européens ont évoqué des sanctions graduelles contre l'Iran pour l'amener à suspendre ses activités d'enrichissement.