L'industrie textile chinoise et celle indienne sont les grandes gagnantes de la fin des accords multifibres au détriment des entreprises marocaines et tunisiennes. L'industrie textile marocaine et celle tunisienne perd pied en Europe au profit de la Chine et de l'Inde. Selon les récentes estimations de l'Institut français de la mode, les importations d'habillement de l'Union européenne en provenance de la Chine ont grimpé de 47% en 2005, à 16,5 milliards d'euros. Pendant ce temps, l'Inde a exporté pour 3,07 milliards d'euros (+32%) de textile dans l'Europe des 25. Le pays de Nehru occupe désormais la cinquième place des fournisseurs européens d'habillement, derrière la Chine ( 16,5 milliards d'euros), la Turquie (7,95 milliards), la Roumanie (5,8 milliards) et le Bangladesh (3,5 milliards). Une poussée qui contraste avec les positions du Maroc et de la Tunisie qui se sont «fragilisés », note les responsables de l'IFM. D'une manière générale, c'est toute la Méditerranée qui souffre, à l'image de l'Egypte, la Turquie et la Syrie. Il s'agit là d'une conséquence directe du démantèlement des quotas intervenu le 1er janvier 2005, note l'IFM. Les autres perdants du démantèlement des quotas ont pour nom la Roumanie, le Pakistan, la Corée du Sud, etc. Les importations de fils, tissus et textiles maisons ont gagné 25% à 4,44 milliards d'euros, au cours de la même année, suite à la décision de l'UE d'ouvrir totalement ce marché aux produits chinois. Pour le cas de l'Inde, c'est surtout la décision européenne, prise en juin dernier 2005, de réintroduire les quotas sur 10 catégories de produits en provenance de la Chine (pantalons, chemisiers, tee-shirts) qui a été décisive. Cette réglementation a joué en faveur de ce dernier pays qui, aux yeux des donneurs d'ordres, est une source alternative, beaucoup plus compétitive que le Maghreb. A noter que le démantèlement n'a pas affecté les exportations européennes, en progression de 14 milliards d'euros dans l'habillement. La Suisse est la première cliente de l'UE, devant les USA, la Russie et le Japon. L'IFM note, en outre, que les importations européennes en habillement ont atteint 53 milliards, en hausse de 8% par rapport à 2004, et 20 milliards d'euros de textiles (1%). L'Allemagne reste le plus gros acheteur de vêtements chinois, avec 3,7 milliards d'euros, en progression de 59% d'une année à l'autre. Viennent ensuite, la Grande-Bretagne avec 3,4 milliards d'euros (+53%), la France (2,8 milliards, +50%) et l'Italie (2 milliards, 36%). Pourtant, si les produits chinois sont réputés être bon marché, les spécialistes européens notent que ce rush sur le marché européen ne profite pas encore au consommateur. Confrontés à des coûts d'exploitation de plus en plus élevés du fait de la concurrence, les distributeurs ont même relévé le prix final dans certains cas. En France par exemple, les chaînes spécialisées (Zara, H et M ou Promod) ont augmenté leurs prix de 3,3% et les grands magasins de 1,4%. A l'inverse, les hypermarchés et supermarchés ont baissé leurs prix de 6% (-3,6% en 2004) et les magasins de sport de 4,3%, note l'IFM.