Face au démantèlement des accords multifibres, le secteur du textile et habillement cherche une nouvelle alternative. Celle-ci doit passer par la coopération intermaghrébine. Difficile à concrétiser quand les pays concernés sont d'abord concurrents. Un prêche dans le désert ? Voilà à quoi peut ressembler une invitation aux échanges économiques intermaghrébins dans le domaine du textile. Principalement concernés, le Maroc et la Tunisie, deux pays qui produisent les mêmes produits, et exportent dans les mêmes marchés. A l'échelle internationale, le textile représente un marché de 450 milliards de dollars, de plus en plus dominé par la Chine (15,9% des exportations en valeurs).Face à la pression croissante du géant asiatique, une politique maghrébine paraît indispensable "mais difficile à concrétiser", signale un opérateur marocain, qui rappelle que les deux pays sont focalisés sur l'UE et la France en particulier. Installées dans la sous-traitance, les deux industries marocaine et tunisienne, toutes deux génératrices d' emplois et d'importants chiffres d'affaires à l'exportation, font face au démantèlement des accords multi-fibres, en n'hésitant pas à se livrer une concurrence féroce auprès des donneurs d'ordre internationaux. Le thème a fait l'objet d'un séminaire, organisé les 14 et 15 février 2005 dans la capitale tunisienne par le secrétariat de l'UMA, en collaboration avec la Commission économique des Nations unies. A l'ouverture de la rencontre, Mondher Zenaidi, ministre tunisien du commerce, place la relance de la coopération intermaghrébine au centre des dispositifs à mettre en place pour s'adapter au nouvel environnement du secteur. Ces dispositifs concernent l'évolution de la sous-traitance vers un partenariat dans la production et le produit fini et la garantie des règles de la concurrence loyale dans le secteur. A signaler que plusieurs accords à caractère économique ont été signés au sein de l'espace maghrébin. Un accord de libre-échange lie la Tunisie, la Libye et le Maroc. L'extension du traité sur la Mauritanie et l'Algérie est en cours. Le voisinage avec l'UE est aussi à mettre à profit, de l'avis du ministre tunisien du commerce. Le sentiment est largement partagé aussi bien en Tunisie qu'au Maroc. L'accord de libre-échange conclu avec la Turquie profite directement à l'industrie textile. «Le Maroc ne paiera plus de droits de douane sur les produits à destination de l'Union Européenne fabriqués à partir de matières premières turques, ce qui va nettement améliorer la compétitivité de l'industrie textile», selon Khalid Oudghiri, banquier, dans un entretien accordé à Maroc Textile, la revue du secteur. Dans tous les cas, pour faire face à la déferlante des industries chinoises, des mutations s'imposent. Pas seulement dans la mise à niveau, mais aussi et de plus en plus dans le social. Les donneurs d'ordres britanniques et anglo-saxons pour la plupart vont jusqu'à exiger des notations sociales à leurs partenaires du Sud. Le secteur de la confection qui revendique 4% du PIB marocain, bien que nettement mieux coté que son homologue tunisien, a du retard à rattraper à ce niveau. En charge du dossier maghrébin, le secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), le tunisien, Habib Boularès a présenté en marge du séminaire un rapport sur ses relations de coopération avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique.