Mariée à l'hôtellerie depuis vingt ans, Samira Ktiri, directrice marketing et commercial de l'hôtel Mövenpick, a atterri dans ce secteur sur un coup de dés. Profil. Quand, en l'an 2000, en même temps que les grues, elle atterrit à l'hôtel Mövenpick de Tanger, Samira Ktiri n'était pas à un défi près. La directrice marketing et commercial de l'un des meilleurs cinq étoiles du Détroit, bouclait cette année là, sa quatorzième année dans l'hôtellerie. Un domaine en général dévolu aux hommes et où le ticket d'entrée, à défaut d'être fixé, est souvent introuvable. Le parcours de cette jeune femme dans ce monde administré par la règle des «trois huit» (huit heures travail, huit heures repos et huit heures loisirs), dans laquelle elle ne se reconnaît pas, commença par un simple coup de dés. «Je rêvais de tout autre chose». Jeune écolière, elle pensait devenir pharmacienne ou dentiste. Plus tard, les expériences «sanglantes » de rats et de grenouilles mutilées en cours d'anatomie la feront changer d'avis et de branche. Elle décroche un bac économique puis s'inscrit dans une école anglaise. Diplômée de secrétariat de direction, elle rêvait de décrocher un boulot ordinaire dans une de ces nombreuses multinationales à la recherche d'un personnel non unijambiste, aussi bien à l'aise en anglais qu'en français. Quand on est major de promotion de l'école internationale House à Casablanca, ce rêve est à la portée de la main. Samira est d'abord recrutée par sa propre école en sa qualité de «meilleure de sa promotion». C'est là qu'elle fait ses premiers contacts avec l'hôtellerie, à travers des cours de formation en anglais dispensés au personnel des unités casablancaises. Remarquée par le Hyatt Regency de Casablanca, elle est recrutée d'abord comme secrétaire de restauration, un métier de contact et qui fait appel à une certaine aisance dans les langues. Très vite, Samira, au contact de ce monde, découvre sa vocation première, ce sens inné de savoir donner vie à un produit, à une image, de convaincre le client. Dès septembre 1986, elle est appelée en renfort de l'équipe commerciale. La vraie promotion viendra un peu plus tard. En 1992, quand Samira Ktiri est nommée directrice commerciale à l'ouverture du Palmeraie Golf Palace. Un véritable défi vu le contexte de l'époque. Les derniers coups de canon de la première guerre du Golfe venaient à peine de se taire et l'industrie touristique était en crise. Le challenge était a priori difficile pour Samira Ktiri. Elle parviendra pourtant à tirer son épingle du jeu, grâce à ses qualités intrinsèques et aussi, déclare-t-elle, à la qualité du produit. En hôtellerie, les cadres qui font des prouesses sont très vite repérés. Deux ans après son arrivée au PGP, le Sheraton de Casablanca offre à Samira le poste de directeur commercial et marketing. Elle y restera trois ans et demi, avant de rejoindre la Chaîne Kenzi. Là, le volume de travail était beaucoup plus important, puisque Samira s'occupait de douze hôtels. Malgré tout ce parcours remarquable, Samira Ktiri a quand même gardé les pieds sur terre. «l'hôtellerie est un métier de contact, de communication et de culture». Mariée avec son hôtel, comme elle aime à le répéter, Samira Ktiri espère comme la plupart des hôteliers de sa ville, qu'avec, d'une part Driss Benhima, à la tête de la Royal Air Maroc et, d'autre part, Mohamed Hassad comme wali de Tanger, il y aura plus d'avions qui atterriront dans le Détroit.