« Nous avons besoins de jeunes qui aiment ce métier et qui acceptent de travailler pour le succès. Ces jeunes, s'ils acceptent de travailler tout en ayant dans la tête que l'entreprise est la leur et avec un esprit gagnant gagnant, ils ne peuvent qu'évoluer dans leur carrière ». Depuis juillet 2008, l'Hôtel Movenpick de Tanger a accueilli un nouveau directeur Général, cette fois, un suisse, ancien de l'Ecole Hôtelière de Lausanne. Monsieur Urs Umbricht est issu d'une famille d'hôteliers. Dés son jeune age, il a travaillé, avec sa mère, aussi hôtelière, à l'hôtel de sa grand-mère, comme apprenti. Il a exercé plusieurs taches, en allant du garçon de sellier, de voiturier, du groom, vendeur au kiosque, au caissier, puis contrôleur. Mr Urs a trouvé par la suite son amour en cuisine, qui l'a faite par apprentissage, à raison de quatre jours en entreprise et un jour à l'école pendant trois ans. A seize ans, il a eu son certificat d'apprentissage, en 1980. De 1980 à 1982 il a poursuivi ses études à l'Ecole Hôtelière de Lausanne où il a décroché le diplôme dans la filière cuisine. Armé d'un grand amour du métier et d'ambition, M. Umbricht, a dés sa sortie de Lausanne embrassé la profession sans perte de temps, en commençant par la fonction de superviseur dans une entreprise de restauration à Lucerne en Suisse. IL s'est ensuite envolé au maldive où il a travaillé comme chef du village. Il retourne après pour occuper le poste de chef de cuisine à l'hôtel de la famille. De 1985 à 1986, il a occupé le poste d'assistant FBc en suisse. Il a également géré un restaurant en suisse avec un de ses copains. Mr Urs a fini par devenir Directeur Général d' hôtel, fonction qu'il a exercé dans plusieurs unités hôtelière internationales avant d'être nommé à la tête de Movenpick Tanger en juillet 2008. Monsieur Urs Umbricht a bien voulu nous accorder une interview, et de nous donner ses impressions sur la ville du détroit et sur l'évolution du tourisme. 1ére question : quelles sont vos impressions quant à l'activité touristique de la ville de Tanger ? Mr Umricht Urs : Vous savez que depuis mon arrivée ici, j'ai constaté que le tourisme est saisonnier. Cela fonctionne surtout en été, ce que ne laisse exploiter convenablement les atouts dont recèle cette destination, située à quelques kilomètres de l'Europe. Cette limite est surtout du au manque d'une bonne stratégie de commercialisation et d'une infrastructure bien élaborée en la matière de loisirs. Tanger regorge de potentialités, d'histoire, de cultures, de monuments, de paysages naturels…etc, qu'il convient de vanter et commercialiser avec force. Ce qu'en fera une destination de choix. La ville du détroit dispose d'espaces intéressants qui méritent une mise à niveau et un marketing de pointe pour mieux les commercialiser, tel que Cap Spartel, les Grottes d'hercule, l'immense plage… Ces espaces doivent être aménagés convenablement en y installant des cafés, des restaurants, des jardins pour enfants, des plates formes de vue sur mer, des toilettes……Aussi les vents sont favorables pour exercer le sport nautique, mais des infrastructure et un équipement de base manquent. La corniche est immense et bien conçue. Pour y attirer une clientèle de marque, il est nécessaire d'y aménager des restaurant de haut de gamme et des cafés de qualité. Les clubs dignes de ce nom font aussi défaut sur la corniche et à Tanger toute entière. En sa qualité de ville de proximité, la ville de Tanger a beaucoup à offrir. Son histoire est très parlante. La médina doit être exploitée au maximum, car elle est très significative pour les visiteurs. L'existant mérite d'être sauvegardé et mis en valeur pour maintenir le cachet historique de la ville. 2éme Question : Comment voyez-vous l'avenir de la ville ? Mr Umbricht : Je pense qu'il est d'abord essentiel de travailler sur la destination. Ce qui impose un marketing intelligent et de pointe. Personne n'a plus droit à l'erreur. Le consommateur devient exigeant et sensible. Et donc la vigilance s'impose. Il faut encourager la concurrence, organiser des expositions et des foires internationales. La vente d'un package est la solution qui s'impose aujourd'hui, car la région en tant que destination touristique est vraiment fantastique. Je suis très optimiste pour l'avenir, à condition de développer davantage les loisirs, augmenter la capacité en lits d'hôtels. 3éme question : Qu'elle idée faites vous de la ressource humaine et de la qualité des prestations à Tanger et particulièrement dans votre hôtel ? Vous savez, que j'ai fini par découvrir que la tradition de servir n'est pas dans les veines des tangérois. Servir ce n'est pas leur force. Ils aiment surtout être servis ; ce qui rend la situation encore plus difficile. La main d'œuvre venue d'ailleurs ne peut pas résister au coût de vie élevé de la ville. Ce qui fait que la pénurie de main d'œuvre qualifiée est de plus en plus marquante. Le tourisme et l'hôtellerie sont des métiers qui demande un savoir faire et savoir être très précis, qui sont conditionnés par les aspiration de la clientèle. Aussi faut-il signaler que l'amour du métier est la première condition. Ce qui implique que nous avons besoins de jeunes qui aiment ce métier et qui acceptent de travailler pour le succès. Ces jeunes, s'ils acceptent de travailler tout en ayant dans la tête que l'entreprise est la leur et avec un esprit gagnant gagnant, ils ne peuvent qu'évoluer dans leur carrière. Pour arriver à cerner le problème il est souhaitable que des formations de recyclage, de sensibilisation soient mises en places dans toutes les entreprises et aussi la gestion des plans de carrière de ce personnel, dans le but de les motiver. Aussi, dans le but de permettre au personnel venu d'ailleurs de résister au coût de la vie de Tanger, il est vivement sollicité que la chambre du commerce et la commune mettent en place des logements économiques, pour la vente ou pour la location au profit de ces gens. Enfin, je dirai, que parmi le personnel existant, il y a des bons et des mauvais, comme partout. Il faut les sensibiliser au travail productif. Ceux qui sont promus au poste de responsable, doivent savoir que ce n'est pas fini. Quand on est chef, il ne suffit pas de mettre les mains dans les poches, mais il faut, pour maintenir son poste persévérer et continuer a être productif, car les salaires dépendent effectivement de la rentabilité de chacun.