La fermeture de la plage Houara a entraîné un problème d'approvisionnement en sable à Tanger et a engendré une crise sociale. Pour satisfaire la demande, la ville de Larache a été mise à contribution. Les chantiers de construction de Tanger tournent au ralenti. Et pour cause, une pénurie de sable suite à la fermeture de la plage Houara. Selon le directeur régional de l'équipement, Hassan Bakhti, cette décision a entraîné un problème d'approvisionnement pour la ville. En effet, le besoin quotidien est estimé à 5.000 m2 de sable. Depuis la fermeture de cette plage, le besoin des chantiers en cours n'est assuré qu'à hauteur de 2.000 m2. En plus de la flambée des prix de cette matière indispensable dans le secteur du BTP, l'on assiste également à une crise sociale. «En plus de la pénurie de sable, il y a un problème social qui concerne les camionneurs et les pelleteurs (605 personnes) qui exerçaient dans la plage Houara », explique Hassan Bakhti. Pour préserver l'environnement, la direction régionale de l'équipement a décidé de fermer, au début de ce mois-ci, cette plage située à 20 km au sud de Tanger. « L'exploitation de cette plage est une vieille affaire qui remonte aux années 1970. À titre exceptionnel, cette décision a été prise pour protéger la route contre l'ensablement. Depuis, la situation est devenue un acquis. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de sable dans cette plage », raconte ce responsable. Et d'ajouter, «c'est donc la nature qui a décidé la fermeture. C'est une catastrophe écologique car il n'y a plus de sable à extraire ! ». Cela fait deux semaines que les camionneurs ainsi que les pelleteurs observent un sit-in en guise de protestation contre cette décision qu'ils jugent «injuste». «Nous sommes une centaine de camionneurs qui avons assuré durant des années le transport du sable jusqu'aux chantiers. Nous sommes en chômage depuis l'application effective de cette mesure», tient à préciser Ahmed El-Hachimi de l'association des camionneurs opérant dans cette plage. « Les autorités publiques ont proposé à ces personnes de travailler dans le secteur du BTP, mais elles ont refusé. En fait, certains ont instauré un système de rente au fil des ans», renchérit le directeur régional de l'Equipement. «Elle est hors de question d'accepter de travailler à 30 dirhams par jour ! Parce qu'on ne peut pas subvenir aux besoins de nos familles avec cette rémunération !», tranche Ahmed El-Hachimi qui a 36 ans de carrière dans ce domaine. Refusant de rester les bras croisés, certains camionneurs se sont rabattus sur les plages de Larache pour satisfaire les besoins des chantiers de Tanger, selon une source bien informée. «Mais, cela ne peut pas résoudre le problème à moyen et à long termes. C'est pour cela que nous sommes en train d'étudier d'autres alternatives», indique Hassan Bakhti. En effet, la décision de fermeture définitive du site Houara, une plage d'une étendue de 4 km, serait justifiée par une exploitation excessive de sable mettant en péril l'équilibre de l'écosystème de cette zone côtière. Le sable de concassage et le sable de dragage sont les deux autres alternatives que les autorités veulent développer.