Situé au centre de Casablanca, un immeuble des Habous est dans un état préoccupant. En plus du manque notable d'ascenseurs, cet immeuble de dix étages souffre d'absence pathétique d'entretien. Les locataires tirent la sonnette d'alarme. «Trop de soucis font rire ». En dépit de la gravité de la situation, Abdellatif. B ne perd pas son humour. « Pour rentrer chez moi, je suis obligé de passer par la terrasse d'un immeuble de 10 étages», raconte-t-il. « C'est la terrasse des lamentations», martèle-t-il, le regard narquois. Mais voilà, cet humour trahit un grand trouble. A la mesure de celui dans lequel se trouve l'Immeuble des « Habous N°5 », sis Place du 16 novembre, en face du célèbre Café « La Chope», à Casablanca. Nous y voilà. Mercredi 15 mars, à 10H30. Mouvement chaotique, à l'entrée de l'immeuble. « Sur les quatre ascenseurs, que compte la résidence, un seul ascenseur est en marche », déplore le concierge, les yeux perdus. Cette malencontreuse panne fait que les 10 étages de l'immeuble ne communiquent que par le sous-sol ou par la terrasse. « Un dédale inextricable», renchérit Abdellatif. B. Avant de sombrer dans son arithmétique. « Nous, on est dans l'entrée B, pour aller chez nous, on monte par l'entrée A, parce que les deux ascenseurs de l'entrée B sont en panne », fit-il, déconcerté. Plus déconcertant, est cette «congestion» insoutenable que connaît l'entrée principale de l'immeuble, qui subit une pression telle qu'elle est empruntée non seulement par les habitants, le personnel d'une entreprise bancaire, et ses clients, et tout, viennent également en rajouter à cette pression. Longue pression. Selon un locataire, l'ascenseur de service de l'entrée « B» serait en panne depuis 10 ans, alors que l'ascenseur principal l'est depuis le début de l'année 2005. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Mais alors pourquoi les ascenseurs ne sont toujours pas réparés ? « C'est là où le bât blesse», lâche notre interlocuteur, de guerre lasse. Il sort, de ses poches, les nombreuses lettres de protestation que ses co-locataires avaient adressées aux autorités de tutelle, entre autres le ministère des Habous et des Affaires islamiques. La dernière en date remonte au 1er mars 2006. Il s'agit d'une « lettre ouverte » au ministre du Département en question. Dans cette lettre, les habitants expriment leur incapacité à « assumer les charges de la réparation des ascenseurs ». Le coût est très éloquent. 1er ascenseur: 248.903,95 DH ; 2ème ascenseur : 216.869,95 DH; 3ème ascenseur : 189.000,00 DH; 4ème ascenseur : 253.349,95 DH. Et ce n'est pas tout… D'autres coûts viendront doper la facture de la réparation d'un immeuble très endommagé: une façade externe avec des fenêtres sans vitres, des murs écaillés et du fer rouillé ; des logements clandestins au sous-sol de l'immeuble et entre les étages, qui devraient servir de « refuge » pour « des inconnus qui n'inspirent pas confiance » ; des conduites d'eau potable « complètement vétustes provoquant une baisse de régime de la pression d'eau »… Que faut-il encore ajouter à ce sombre tableau ? « Comme si cela n'avait pas suffi, on a coupé l'entrée principale de la résidence en deux pour installer une téléboutique et un restaurant d'entreprise », s'indigne Abdellatif. B. Maintenant, reste à savoir la « réaction » de la direction des Habous et des Affaires islamiques, à Casablanca. Contacté sur place par «ALM », un responsable a refusé de se prononcer sur ce dossier. Un autre est resté injoignable. Ce silence vient regrettablement nourrir l'angoisse des nombreux plaignants quant à l'issue d'une épreuve vécue au quotidien.