Aït Aourir a connu hier un retour au calme, après les incidents de samedi dernier qui se sont produits suite à une marche spontanée des habitants pour protester contre l'insécurité qui règne dans le village. La vie a repris hier lundi son cours normal à Aït Aourir, après les malencontreux affrontements enregistrés samedi 4 mars entre à peu près un millier de manifestants et un important dispositif des forces de l'ordre. C'est ce que nous ont affirmé hier des habitants du «Quartier administratif», où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi pour protester contre l'assassinat d'un jeune commerçant, Hamid Lahlayli, par une bande de coupeurs de route. Survenu mardi dernier, le jour du souk hebdomadaire de la région, sur la route «Ibidar» (2 km du centre d'Aït Aourir), cet horrible assassinat ne serait que «la goutte qui a fait déborder le vase», nous a indiqué Moussa Saleh, un habitant du «Quartier administratif». Pour cet acteur de l'action associative à Aït Aourir, le problème de l'insécurité dans cette région ne date pas d'hier. «Profitant du manque d'éléments des forces de l'ordre, mais aussi et surtout du silence des élus de la région, des bandes de criminels ont sévi de manière dangereuse ces derniers temps dans notre région», s'indigne-t-il. Cette criminalité atteindrait des sommets le jour du souk hebdomadaire. Pour lui, l'assassinat de H. Lahlayli aurait pu être évité si les services de la Gendarmerie avaient réagi à une plainte déposée le jour même par un autre villageois qui aurait pu connaître le même sort s'il ne s'était avisé de livrer aux voleurs toute sa fortune (400 dirhams). Du côté des services de la Gendarmerie Royale, on affirme que «la détérioration de la situation sécuritaire à Aït Aourir» serait due au «manque d'effectifs humains et de moyens matériels dans une ville qui a connu ces dernières années un véritable boom démographique». Selon nos sources, le nombre de la population est passé de 8000 en 1994 à 24.000 habitants en 2004. «Cette explosion démographique n'a pas été accompagnée sur le plan sécuritaire», fait constater un observateur. «Il est impensable que, face au développement démographique que connaît la ville, il ne puisse y avoir de commissariat de police», s'étonne un ancien député d'Aït Aourir. Le soulèvement des habitants d'Aït Aourir, samedi dernier, a eu pour conséquence le renforcement du dispositif sécuritaire dans la région. On apprenait hier que de nouveaux éléments de la Gendarmerie ont intégré les services en place, dans la tentative d'endiguer la crise qui frappe de plein fouet cette partie de la région Tensift-Al Haouz. «Une dizaine de manifestants auraient été remis hier à la Police judiciaire de Marrakech accusés d'avoir été les instigateurs d'un rassemblement non autorisé et pour outrage aux autorités locales», a-t-on appris hier. Au-delà du volet sécuritaire, il y a la situation sociale jugée «préoccupante» dans laquelle vit la population d'Aït Aourir, notamment une jeunesse livrée à elle-même. «Le désœuvrement est monnaie courante à Aït Aourir», reconnaît un député. Devant cet état de fait, les jeunes s'adonnent dangereusement à l'alcool. Ils y trouveraient un dérivatif à un malaise social chronique.