Le système d'assurance maladie est un système contributif. Il doit être viable par ses propres moyens, souligne Saïd Ahmidouch, Directeur général de la CNSS. ALM : Vous avez pris en main un gros chantier en cours qui revêt une importance capitale pour la société marocaine, en l'occurrence, l'AMO. Quelles sont vos premières impressions ? Saïd Ahmidouch : C'est un chantier effectivement très important pour le pays et pour l'ensemble des assurés de la CNSS. Pour la première fois, dans l'histoire de notre pays, deux millions et demi de personnes vont bénéficier de l'assurance maladie. C'est un enjeu considérable. C'est pour cette raison que la CNSS s'emploie à réussir ce projet, à la fois, pour assurer cette couverture mais surtout pour assurer une qualité de service qui soit au niveau des attentes de nos clients. Pensez-vous que le rapport entre le coût et la dépense médicale dont personne n'ignore l'importance peut être maîtrisable ? Le système d'assurance maladie tel qu'il est monté est un système contributif. L'ensemble des coûts doit être couvert par les cotisations prélevées par la CNSS sur les employeurs et sur les employés. C'est un dispositif qui est très fort et le législateur l'a inscrit noir sur blanc dans la loi. Le système doit être viable par ses propres moyens. La CNSS n'aura pas d'autres ressources a priori que les ressources propres des cotisations. En conséquence, la gestion de l'équilibre est une donne qui est tout à fait incontournable pour la viabilité du système d'assurance maladie. D'après vous, quels sont les principaux chantiers de la CNSS ? Le premier chantier auquel s'attelle la CNSS porte sur la qualité de service qui a trait à la durée de remboursement. C'est un chantier très important sur lequel nous avons mis en place l'ensemble des procédures qui nous permettront de maîtriser ce processus et de faire en sorte de réduire, autant que faire se peut, les délais de remboursement. Notre objectif est de rembourser les dossiers des assurés au bout d'un mois et les professionnels de santé (cliniques et autres) sur un maximum de deux mois. Nous travaillons aussi sur la possibilité de rendre les prises en charge beaucoup plus fluides que ce qui se passe jusqu'à présent. La CNSS veut travailler de façon tout à fait différente et avoir une relation fluide. Nous sommes en train d'y travailler avec les professionnels de santé notamment les cliniques et les hôpitaux. Il va y avoir certainement un contrôle médical pour un certain nombre de prestations. Comment avez-vous organisé ce contrôle médical ? À l'instar des autres assureurs santé, la CNSS procèdera à un contrôle médical. Nous montons un dispositif de contrôle médical qui nous permet de répondre à deux objectifs principaux. Le premier objectif est de faire en sorte, en collaboration avec l'ensemble des professions médicales, de dédier notre prestation aux assurés de la CNSS bénéficiaires de l'AMO. Le deuxième objectif est de veiller à ce que les prestations médicales soient faites conformément aux règles de l'art. Quelle relation entretiendra la CNSS avec ses polycliniques à partir du 1er mars 2006 ? Des relations normales de prestataires de soins (polycliniques) à assureur qui est la CNSS. Comment se fera la gestion des polycliniques de la CNSS après la période transitoire de trois ans que le législateur a arrêtée ? La loi stipule qu'il y a incompatibilité entre le métier d'assureur et celui de prestataire de soins. Nous avons effectivement un délai de 3 années pour dénouer ces relations pendant cette phase. Nous sommes propriétaires et gestionnaires de ces polycliniques et nous continuerons de faire notre travail de restructuration, de rationalisation de la gestion et d'optimisation des ressources. Nous continuerons parallèlement l'opération de la préparation de la gestion déléguée qui est prévue par la loi.