Les partis politiques risquent de ne récupérer que 8 % des votes qui leur ont été favorables lors des dernières élections. Déjà à l'époque ils n'avaient mobilisé que 10 % des votants. Les Marocains et les partis politiques ne font guère bon ménage. Plus des trois quarts des citoyens marocains se placent en dehors de toutes les mouvances partisanes actuelles. Lesquelles, triste score, ne rallient qu'un militant sur un potentiel de 25, soit à peine 3,7 % de la population. C'est la principale conclusion du volet «perception des partis politiques » du sondage réalisé par CSA-TMO Maroc 2020 en octobre dernier sur « les perceptions et positionnement des citoyens marocains envers la vie politique du pays ». Selon les résultats du sondage, non seulement les partis politiques sont loin de susciter l'engouement des masses, mais la politique « ne dit rien » à plus de la moitié ( 51,3 % ) de la population marocaine et seuls 10 % parmi ceux qui ont voté lors des dernières élections, confient avoir été mobilisés par un quelconque parti. Copie à revoir pour les leaders adeptes des meetings-marathon et des discours fleuve à la Castro. Ce désintéressement est d'autant plus ancré que sur les 60 % des citoyens qui demeurent quand même décidés à prendre le chemin des urnes lors des prochaines communales et législatives, quelque 78 % le feront d'abord « par conscience de leur devoir civique ». Les conséquences risquent d'être particulièrement graves. Le sondage révèle que les partis, s'ils continuent sur la même voie, ne garderont que 8,2 % à peine parmi les votes qui leur ont été favorables lors des dernières élections. Parallèlement, plus de la moitié ( 57,2 % ) de ceux qui voteront lors des prochaines consultations feront dépendre leur choix « d'abord du profil des candidats en lice », qu'ils soient affiliés à un parti ou non. A ce niveau, beaucoup sont carrément désabusés. Ainsi, 55 % de ceux qui ne voteront pas aux communales, mettent en cause « l'incompétence et/ou l'égoïsme des élus ». Aux législatives le score n'est guère meilleur. Plus de la moitié de ceux qui ne voteront pas incriminent « l'absentéisme et/ou le manque de proximité de la part des députés ». Verdit sans appel ? peut-être pas. Parmi cette frange de démissionnaires, 54 % pourraient revoir leur position si « un candidat intègre et compétent » se présentait et 33 % feraient de même si « les voix des électeurs n'étaient plus achetées ». De plus, les partis récupéreraient 18 % du potentiel mobilisable en inspirant confiance à ceux qui en manquent, 7 % en offrant une meilleure alternative partisane, 7 % en touchant activement les masses et 4 % en facilitant le choix des indécis. Voilà qui pourrait guider l'action de la presse partisane, d'ailleurs jugée « indispensable ou du moins utile » par quelque 53 % des personnes sondées. Parallèlement à ce désamour, les ONG et le mouvement associatif suscitent de fortes attentes. Mais, là aussi, le bilan est plutôt mitigé. Si 72 % des répondants considèrent le mouvement associatif comme important, seuls 15 % disent constater son action sur le terrain. Quelque 4 personnes sur 5, au courant de l'action des associations ou ONG, le sont seulement par ouie-dire. Ceci n'empêche pas plus de 7 marocains dur 10 d'attendre « beaucoup ou assez » de la contribution du mouvement associatif au développement du pays dans tous les domaines. Que les partis politiques se le tiennent pour dit.