La banque confirme l'assainissement de ses comptes suite à la publication de ses résultats financiers préliminaires. Le Crédit Agricole du Maroc (CAM) affiche des comptes dans le vert pour l'année 2005. Sur 1,3 milliard de dirhams de produit net bancaire (+32%), la banque «verte» a généré un résultat brut d'exploitation en hausse de 62% à 634 millions de dirhams. Les dépôts de la clientèle s'inscrivent en hausse de 25,2% à 26,3 milliards, alors que la banque, dont le siège est à Rabat, aspire à étendre son réseau à 500 agences à l'horizon 2008. Ce dernier a déjà été étoffé avec la reprise de celui de la défunte Banque marocaine pour l'Afrique et l'Orient (BMAO) suite à l'échec de sa fusion avec la BNDE. Du côté du haut du bilan, la banque connaît une reforme fondamentale de la structure de son capital et qui confirme son caractère public. Elle a procédé à une recapitalisation à même de lui donner une assise financière solide à la mesure de ses ambitions. Après le démembrement de la BNDE, la Caisse de Dépôts et de Gestion (CDG) a hérité de son pôle banque d'affaire, Safabourse, alors que le CAM a absorbé la BMAO. Cette opération lui a permis d'augmenter ses fonds propres de 580 millions de dirhams. La CDG a, dans la foulée, pris une participation de 750 millions de dirhams dans la banque présidée par Tarik Sijilmassi. Elle est rejointe par le groupe MAMDA/MCMA pour 350 millions de dirhams, ce qui porte à 15 et 7% les parts respectives de ces deux groupes dans son capital. Mais le plus gros de l'apport d'argent frais reste celui de l'Etat qui a misé un milliard de dirhams. Le CAM renforce ainsi son assise financière pour relever ses défis, qui restent essentiellement tournés vers le secteur agricole malgré le décloisonnement institué par la réforme bancaire de 1993. La banque, dont le total des actifs tourne autour de 30 milliards, reste ainsi l'instrument majeur utilisé par l'Etat pour réguler le secteur agricole qui compte pour beaucoup dans l'économie nationale. En 2004, le secteur a généré pour 70 milliards de dirhams dans les 444 milliards de Produit intérieur brut, soit un peu moins de 17%. En mai 2005, le gouvernement avait décidé d'annuler certaines dettes contractées par le monde rural pour diminuer les effets d'une campagne agricole médiocre. Cette annulation entrait à l'époque dans le cadre de la convention signée entre le gouvernement et le CAM en 2001. La banque avait estimé le coût de cette opération, qui a profité à 100.000 agriculteurs, à 3 milliards de dirhams. L'exemption de la taxe sur les produits agricoles étendue jusqu'à 2010 est aussi sensée aider les agriculteurs sur-endettés. La banque avait institué en juin 2005 une structure dediée, Dar El Fellah, dans le but de conseiller les agriculteurs qui connaissent des difficultés à honorer leurs engagements.