Vice-président de la Fédération des PME-PMI, Abdel Malek Kettani livre à Aujourd'hui Le Maroc sa lecture des mutations en cours au sein de la CGEM. Entretien. ALM : Pourquoi un changement du mode de scrutin ? Abdel Malek Kettani : Le mode de scrutin entériné par les statuts votés lors de l'assemblée générale du 19 avril 2005 est novateur dans la mesure où il permettra à un binôme (président(e)/vice-président(e) général(e) reconnu par ses pairs pour ses compétences et sa probité de prendre en main les destinées de la Confédération. Ce mode, tout en introduisant une gestion collégiale et représentative de différentes composantes du tissu économique national, permettra de voter pour une équipe, avec un programme précis, sur lequel elle devra rendre des comptes non seulement aux membres de la Confédération mais aussi à l'opinion publique en général. La bonne gouvernance commence aussi par là. Ne risque-t-on pas de voir apparaître des déséquilibres entre petites et grandes entreprises, ou même entre secteurs ? Un grand débat a eu lieu sur cette question lors de l'assemblée générale de 19 avril. Il a été tranché car, mathématiquement, bien que les grandes entreprises ont, de par les nouveaux statuts, individuellement plus de voix que des entreprises de plus petite taille, le nombre des PME/PMI adhérentes permet de rééquilibrer l'équation de façon à ne pas créer justement l'éventuel déséquilibre ou clivage dont vous parlez. Ceci dit, La CGEM est la confédération de toutes les entreprises qui s'y investissent, mais il convient de mentionner que seuls les secteurs les plus dynamiques, les plus organisés sauront, à tout moment, faire valoir leurs idées et leurs propositions. Il appartient aux présidents de fédérations et associations professionnelles (membres statutaires du bureau de la CGEM) et à leurs équipes de militer activement en préparant des dossiers et études pour faire avancer leurs programmes. Pour conclure, il faut, à mon sens, définitivement dépasser les clivages entre grandes et petites entreprises et au contraire faire en sorte qu'il y ait au sein de la confédération une prise en compte effective de toutes les sensibilités et potentialités pour aller de l'avant et optimiser les synergies. Quelles sont, d'après vous, les réformes indispensables à la CGEM pour rester en phase avec les mutations politiques et économiques du Maroc ? Le Maroc a opté de façon irréversible pour la démocratie et pour l'ouverture sur l'économie mondiale (OMC; accords de libre-échange etc). Plusieurs réformes politiques et économiques majeures sont en cours dans notre pays pour accompagner ces choix et permettre le décollage économique et humain de notre pays. La CGEM en tant qu'acteur important dans cette dynamique vertueuse doit être un véritable vecteur de promotion des investissements nationaux et internationaux en se structurant de façon à accompagner et dynamiser ces réformes, tout en apportant une valeur ajoutée émanant de sa connaissance du terrain et des contraintes multiples auxquelles font face au quotidien nos entrepreneurs et en particulier les patrons des PME/PMI. La CGEM doit également faire sa mue et évoluer de façon à devenir d'avantage une force de proposition et d'inflexion. Et-ce que la CGEM est, selon vous, l'interlocuteur légitime de toutes les entreprises marocaines ? La lettre royale que Sa Majesté Mohammed VI a adressée au président de la CGEM en juillet 2003 est on ne peut plus claire. En effet, ne souffrant d'aucun déficit de légitimité, la mission essentielle de la CGEM est de représenter la globalité du tissu économique national avec une emphase particulière sur les PME/PMI qui constituent, faut-il le rappeler, plus de 90% des entreprises du Maroc et qui sont un vivier important de création de valeur et d'emplois.Par ailleurs, la CGEM est ouverte à toutes les entreprises nationales des 16 régions du Royaume, sans exclusive aucune. Pourquoi des rapports souvent tendus avec les Chambres de commerce ? Pour ma part, je ne peux commenter cette question car à aucun moment je n'ai constaté ce dont vous parlez. Cependant, comme dit l'adage : ‘'Du dialogue jaillit la lumière''. Je pense qu'il faudrait qu'entre la CGEM et les Chambres de commerce, il y ait une concertation permanente et une collaboration plus rapprochée pour qu'ensemble ces deux pôles nationaux de l'encadrement et du développement des entreprises du Maroc, chacun avec ses prérogatives et ses moyens, puissent aider le pays à relever les nombreux défis auxquels il doit faire face (Investissement, croissance, emploi…) Ceci dit, il faudrait que les chefs d'entreprises s'investissent d'avantage dans les Chambres de commerce afin de pouvoir, à terme, jouer un rôle prépondérant dans les choix politiques de notre pays. L'après-Hassan Chami se profile, quel sera le profil idoine pour celui qui prendra la relève ? Tout en étant un(e) président(e) qui saura rassembler l'ensemble des forces vives du tissu économique avec toutes ses composantes, il faudra que ce soit également une personne qui saura, par son expérience et sa connaissance des arcanes et du monde des affaires et du monde politique national et international, insuffler une nouvelle dynamique positive pour l'investissement national et international dans notre pays et pour la création d'emplois. Ce saut qualitatif majeur ne se fera qu'avec une collaboration rapprochée avec toutes les composantes de l'exécutif et avec les partenaires sociaux nationaux. Que pensez-vous actuellement des candidats à la succession ? Valeur aujourd'hui, il n'y a pas, à ma connaissance, de candidat(es) déclaré (es) à la présidence.Plusieurs noms apparaissent ici ou là et cela ira sans doute crescendo jusqu'à la clôture officielle des candidatures. De toute façon, notre tissu économique possède des potentialités humaines de grande qualité et on ne peut que s'en féliciter, mais au-delà des personnes, ce sont les programmes qui devront faire, à mon sens, la différence.