Les femmes mariées sont plus exposées à la violence que les divorcées. L'agresseur étant souvent l'époux. L'Association marocaine de lutte contre la violence à l'égard des femmes, Centre d'écoute et d'orientation juridique et de soutien psychologique pour femmes victimes de la violence, a présenté, vendredi à Casablanca, au cours d'une conférence de presse, le bilan de son activité de 2002 à mai 2003. Lors de cette rencontre, les responsables du centre ont indiqué que les femmes continuent de subir la violence, notamment conjugale. Au cours de cette période, ils ont souligné que le centre a enregistré des cas de violence physique, 17,35%, psychologique, 47,80%, sexuelle, 4,07%, et économique, 30,78%. Les femmes mariées viennent en tête des victimes de la violence avec 76,99 % suivies des femmes divorcées avec 11,23%. Dans les deux cas, précisent les responsables du centre, l'agresseur est souvent l'époux, 85,93%, ou l'ex-mari en cas de divorce. S'agissant de la violence à caractère économique, pas moins de 268 dossiers ont été traités par le centre d'écoute, 30,78%. Dans ces dossiers, le centre, qui a dénoncé le vide juridique concernant la violence conjugale, indique que des femmes se plaignent d'être dépouillées de leurs biens par leurs époux. Dans ce sens, les responsables du centre soulignent qu'en plus de la mission d'écoute, l'association, en étroite collaboration avec le reste du mouvement féminin représenté au sein du Printemps de l'égalité, œuvre à la mise en place de textes protégeant la femme contre toutes les formes de violence. Le Centre d'écoute et d'orientation juridique et psychologique pour femmes agressées, cré en 1995, est une association qui lutte contre la violence à l'égard des femmes. Il est membre du tribunal arabe et du réseau maghrébin de lutte contre la violence, du réseau africain des cliniques juridiques, du collectif contre la corruption et organise des conférences, tables rondes et ateliers de formation sur la violence à l'égard des femmes. Par ailleurs, les responsables du Centre ont annoncé la parution aux éditions «Le Fennec» d'un ouvrage analysant l'expérience maghrébine en matière de violences subies par les femmes sous le titre : Casablanca, Alger, Tunis, Femmes unies contre la violence. Ce livre a été réalisé par le Centre d'écoute (Maroc), SOS femmes en détresse (Algérie) et l'Association tunisienne des femmes démocrates. Il est à souligner qu'au Maroc, les atteintes à la pudeur et à l'intégrité physique constituent les actes de violence le plus fréquemment commis à l'égard des femmes. Selon une enquête statistique menée, en 2002, à l'initiative du ministère de la Justice avec l'appui du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) dans la circonscription juridictionnelle de Casablanca, 64% des infractions criminelles jugées, 234 affaires, par les différents tribunaux casablancais concernent des atteintes à la pudeur au moment où 65% des infractions délictuelles jugées, 3 830 affaires, portent sur des atteintes à l'intégrité physique. Il faut dire que la violence à l'encontre des femmes a pour conséquence un certain nombre de pathologies immédiates ou de longue durée, traumatismes physiques, syndromes de douleurs chroniques, dépression, comportements suicidaires. Selon un rapport de l'OMS, la violence du partenaire influe également sur les revenus de la femme, l'exercice de son activité professionnelle et sa capacité à garder un emploi.