Des plaintes en justice ont été déposées contre George W. Bush. Deux associations de défense des libertés civiles accusent le président d'avoir autorisé illégalement des écoutes clandestines sur le territoire américain. Après les attentats du 11 septembre, la NSA (National Security Agency) a mis en place un réseau d'écoute des citoyens américains, ou des étrangers résidant aux Etats-Unis, et a inondé le FBI de milliers d'informations. Bush a défini le programme d'espionnage comme « un outil vital » et Dick Cheney, le vice-président, a assuré qu'il avait « sauvé des milliers de vies ». Mais le “New York Times”, qui a interrogé des agents du FBI, vient de révéler que presque toutes les pistes étaient mauvaises et, une fois remontées, ont abouti à des Américains innocents. Ces contrôles ont été «des intrusions injustifiées dans la vie privée d'Américains», poursuit le “New York Times”, paraphrasant ses sources dans les services de renseignements. Cette masse d'informations n'a conduit qu'à peu de potentiels terroristes à l'intérieur des Etats-Unis qui n'aient pas été déjà connus des autorités et a détourné l'attention de la lutte proprement dite contre le terrorisme vue comme plus productive par les responsables du FBI. Récemment, deux importantes organisations pour la défense des libertés civiles ont séparément saisi la justice de plaintes contre le président George W. Bush, en l'accusant d'avoir autorisé illégalement des écoutes clandestines sur le territoire américain. Déposées devant le tribunal fédéral du district de New York par le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), et à Detroit (Michigan, nord) par l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), ces plaintes réclament une injonction interdisant au gouvernement de mener des écoutes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, sans autorisation judiciaire spécifique. Les poursuites lancées par le CCR visent, outre le président Bush, plusieurs autres personnes dont le directeur de l'Agence nationale de sécurité (NSA), l'une des agences les plus secrètes, Keith Alexander qui a succédé en mai 2005 au général Michael Hayden. Lundi dernier, l'ancien vice-président démocrate de 1993 à 2001, Al Gore, avait formulé des accusations identiques contre M.Bush dans un discours à Washington à l'occasion de la Journée nationale de commémoration du leader noir Martin Luther King, assassiné en 1968. «Ce que nous savons concernant ces écoutes nous amène à la conclusion que le président des Etats-Unis a violé la loi de manière répétée», a-t-il affirmé. La révélation, en décembre, de l'existence d'écoutes pratiquées aux Etats-Unis avec l'autorisation de M.Bush et sans mandat de la justice a exacerbé la controverse politique sur les pouvoirs du président pour combattre le terrorisme et sur le respect des libertés civiles. «Il est triste que les écoutes clandestines, dont avait été victime en son temps ce grand américain (Martin Luther King), soient devenues à nouveau une caractéristique de notre gouvernement», a déclaré le directeur juridique du CCR, Bill Goodman, en y voyant une «tentative de l'Administration Bush d'exercer un pouvoir sans limites». «Le président Bush peut croire qu'il peut autoriser la mise sur écoutes d'Américains sans mandat judiciaire ou l'accord du Congrès mais ces écoutes sont illégales et nous avons l'intention d'y mettre fin», a dit le directeur exécutif de l'ACLU, Anthony Romero. Plusieurs autres organisations se sont associées à la plainte déposée par l'ACLU, dont l'organisation écologiste Greenpeace. Quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, M.Bush avait autorisé la NSA à procéder, sans mandat judiciaire, à des écoutes téléphoniques et électroniques avec l'étranger de milliers d'Américains pouvant avoir des liens avec des groupes radicaux. Depuis que la controverse a éclaté, le président Bush a défendu âprement sa décision en affirmant qu'elle était justifiée par l'état de guerre engagée contre le terrorisme, «afin de découvrir les intentions de l'ennemi».