L'Iran a commencé, mardi 10 janvier, le processus de levée des scellés de centres de recherche nucléaire sous l'œil des responsables de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'Iran a levé, mardi dernier, les scellés de plusieurs centres de recherche nucléaire, dont celui d'enrichissement d'uranium situé à Natanz, au centre du pays, malgré les injonctions des Occidentaux à ne pas franchir ce pas. "Aujourd'hui, avec l'autorisation donnée à ses inspecteurs (d'être sur place) par l'AIEA et son vice-directeur pour les mesures de sauvegarde, certains des scellés d'un nombre de centres de recherche ont été levés, et ces centres reprennent leur travail aujourd'hui", a annoncé Mohammad Saidi, vice-directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique. "La production de combustible nucléaire est toujours suspendue", affirme ce dernier, laissant entendre que l'Iran n'allait pas à ce stade alimenter ses centrifugeuses pour l'enrichissement d'uranium à Natanz. En effet, il a déclaré au cours d'une conférence de presse que l'AIEA avait autorisé la levée des scellés qui concernaient uniquement le secteur de la recherche. «Ce 3 janvier, l'Iran avait annoncé à l'AIEA sa décision de reprendre le 9 janvier ses activités de recherche nucléaire. Une décision qui préoccupe particulièrement les Etats-Unis et l'Union européenne. Ces derniers craignent que ce programme ne dissimule un volet militaire pour se doter à terme de la bombe atomique. En effet, depuis l'annonce de la reprise des recherches nucléaires, l'AIEA et les Occidentaux ont multiplié les injonctions à Téhéran pour qu'il maintienne la suspension de ses activités, surtout celles liées à l'enrichissement d'uranium. Dès lundi déjà, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avait qualifié la situation de "grave" et appelé l'Iran à revenir "sans délais et sans conditions" sur sa décision. « L'Iran doit respecter ses engagements internationaux en matière nucléaire. Elle commet une grave erreur en ne saisissant pas la main que nous lui tendons», a averti également Jacques Chirac. Les Etats-Unis s'étaient faits plus menaçants encore, en affirmant qu'il existait au sein de la communauté internationale une "majorité claire pour envoyer cette affaire au Conseil de sécurité si l'Iran ne respectait pas ses obligations". L'Iran avait annoncé en octobre 2003 suspendre volontairement ses activités liées à l'enrichissement, en gage de bonne volonté. L'usine de Natanz était la principale concernée par cette mesure. Elle comportait à l'époque plusieurs installations, dont un centre d'assemblage de centrifugeuses, une usine pilote d'enrichissement avec une cascade de 164 centrifugeuses, et une usine d'enrichissement en construction pour la production industrielle d'uranium enrichi. Cette décision unilatérale de l'Iran avait débouché en novembre 2004 sur un accord formel avec la troëka européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne). Ce dernier avait permis alors l'ouverture de négociations de l'UE avec l'Iran sur son programme nucléaire. Ces négociations avaient été rompues en août 2005, après que l'Iran eut annoncé la reprise de son procédé de conversion d'uranium, préalable à l'enrichissement. Des discussions ont repris finalement le 21 décembre, pour renouer le dialogue, et sont censées se poursuivre le 18 janvier 2006 à Vienne. Mais ce nouveau geste de défi de l'Iran augure mal de la poursuite d'un tel dialogue.