Journée de fête mouvementée à Turin où un sit-in a été organisé mardi 10 janvier 2006 en solidarité avec Bouchta Bouriki et ses enfants. L'imam marocain a été expulsé début septembre dernier pour "sympathie" avec des organisations terroristes. Chose qu'il réfute. Les musulmans de Turin, mais aussi plusieurs ressortissants italiens, ont organisé une manifestation de solidarité avec Bouchta Bouriki, l'imam marocain expulsé d'Italie sur décision du ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu. Après la prière de la Fête du sacrifice, célébrée en Italie le mardi, les enfants de l'imam expulsé ont déployé des banderoles condamnant le sort qui leur a été réservé, et le tort qu'ils ont subi, depuis l'expulsion de leur père en début septembre 2005. Leur mère se trouvant actuellement au Maroc, c'est l'aîné, Yasser Bouriki (16 ans), qui en est réduit à prendre soin de son frère cadet, Bilal (14 ans) comme le confirme à ALM Bouchta Bouriki. Ce dernier a dû rapatrier ses deux filles pour, affirme-t-il, diminuer le déchirement que vit sa famille depuis qu'il est obligé de s'en séparer suite à la décision du ministre de l'Intérieur italien. D'ailleurs, l'effort de solidarité se renforce avec l'imam marocain. Actuellement, plusieurs associations de musulmans d'Italie, mais aussi des ONGs locales, font circuler une pétition contre la décision de Giuseppe Pisanu. Comptant Tarik Ramadan parmi ses signataires, cette pétition qualifie le décret du ministre de l'Intérieur comme contraire à l'exercice des droits et libertés garantis par la Constitution. Le 20 décembre 2005, Turin abritait la première audience du procès intenté par l'imam marocain au ministère de l'Intérieur italien pour casser sa décision. Cette audience n'a pu aboutir à rien de concret, nous déclare M. Bouriki, vu que le ministère de l'Intérieur a refusé de transmettre à la Cour le dossier relatif à la décision d'expulsion. Pour les services de Giuseppe Pisanu, ce dossier relève des secrets d'Etat et il faudra attendre que s'écoulent deux années pour pouvoir le rendre public. Une autre audience a été fixée pour la fin de ce mois de janvier et se déroulera devant un tribunal de Rome. Bouchta Bouriki figure parmi les premiers «clients» des nouvelles dispositions antiterroristes adoptées par le gouvernement italien en juillet 2005 sur initiative du ministre de l'Intérieur Giuseppe Pisanu. Les autorités italiennes prêtent à Bouchta Bouriki, 41 ans et père de quatre enfants, des sympathies avec les organisations terroristes internationales et notamment la nébuleuse d'Al Qaïda de Ben Laden. Accusation qu'il a toujours réfutée pour parler plutôt de "règlement de comptes". Pour Bouchta Bouriki, résidant actuellement à Khouribga dont il est natif, son militantisme associatif (pour les communautés musulmane et marocaine) aurait agacé les autorités italiennes et notamment le ministre de l'Intérieur (voir ALM N° 986). Expulsé d'Italie le 6 septembre 2005, Bouchta Bouriki a été entendu par la police marocaine avant d'être relâché dans la même journée. Libre de ses mouvements, il attend la décision de la justice italienne.