Le Maroc, aujourd'hui au milieu du gué, cherche à rattraper les occasions ratées en lançant tous azimuts des chantiers dans nombre de domaines et des réformes aussi bien politiques qu'institutionnelles. Le rapport général sur le développement humain depuis l'indépendance du Maroc et les perspectives à l'horizon 2025 commandé par S.M le Roi Mohammed VI est enfin prêt. Piloté par le conseiller du Roi Abdelaziz Meziane Belfkih, ce travail colossal, dont une synthèse a été rendue publique, se veut une sorte de diagnostic profond de l'état de la nation sur une période de cinquante ans mais aussi une projection sérieuse dans l'avenir. Le document, très bien fait, passe en revue, sans fard ni fioritures, les points forts et les faiblesses du pays, là où il a réussi et les domaines où il a failli avec une prédominance évidente des ratages et des carences. D'abord et surtout dans le secteur éducatif, pilier de tout développement humain durable et solide, entré dans “une longue crise“ à partir de la décennie 80, créant une “école à plusieurs vitesses“. Le problème du système scolaire national, malgré la mise en œuvre il y a quelques années de la fameuse réforme de la Cosef, demeure “posé“ plus que jamais. Un grand chantier à réussir absolument par la réhabilitation de l'enseignement public devant lequel l'ensemble des Marocains doivent être égaux du moins jusqu'à la fin du secondaire. Les insuffisances pointées concernent également la Santé publique. Les rédacteurs du rapport soulignent un “accès aux soins fortement inégalitaire“ que l'Assurance maladie obligatoire (AMO), qui entrera en vigueur dans quelques mois, se propose justement de corriger. Les politiques qui se sont succédé ont par ailleurs engendré des “disparités entre les villes et les campagnes“ qui sont “flagrantes“. Des politiques qui ont bloqué aussi l'émergence d'une “gouvernance territoriale efficiente et cohérente“. La faillite de ce système a donné lieu à une incurie locale où se sont mêlés “corruption, népotisme et clientélisme“… Et puis, les jeunes, pourtant composante importante de la population, n'ont jamais, malgré de réels efforts sectoriels, n'ont pas été véritablement intégrés dans l'équation globale du développement. C'est un des constats importants contenus dans le rapport. En fait, ce qui ressort de ce dernier c'est que l'homme n'a pas été placé par le passé au centre du processus de développement. Certains peuvent invoquer comme circonstances atténuantes le contexte de l'époque marqué par un affrontement féroce entre le pouvoir et la gauche marocaine et qui a débouché sur des “années de plomb“ lesquelles auraient pu être des “années d'or“, de décollage économique et de bien-être social. Tel n'est pas le cas. Beaucoup de temps perdu, d'énergie gaspillée et de ressources dilapidées. Le Maroc, aujourd'hui au milieu du gué, cherche à rattraper les occasions ratées en lançant tous azimuts des chantiers dans nombre de domaines et des réformes aussi bien politiques qu'institutionnelles. Soit le pays bascule dans le développement durable, soit il sombre dans la régression. Aux différents acteurs, politiques, économiques et sociaux, sous la conduite du Souverain, de construire un avenir meilleur que le passé.