Abderrahmane Chennaf, la cheville ouvrière de la FDT et fondateur de la CDT, n'est plus. Il a succombé à une maladie laissant derrière lui des amis affligés et une longue histoire de militantisme syndical. Abderrahmane Chennaf n'est plus. La maladie (des problèmes de foie) a fini par terrasser ce militant de la première heure. Pour ses amis, mais aussi ses adversaires, c'est une grande perte que de voir partir celui dont le nom a été associé, depuis plus d'un quart de siècle, à l'action syndicale en faveur des enseignants. «Si Abderrahmane», comme l'appelaient ses amis et collaborateurs, est né à Fès en 1939. Il rejoindra l'école de formation des instituteurs de Marrakech avant d'être affecté à Safi où il assumera, dès le début, des responsabilités syndicales avant de mettre le cap sur Casablanca pour enseigner la langue arabe en deuxième cycle du secondaire. Chennaf est « tombé » dans le syndicalisme dès son jeune âge. Il sera déjà sur tous les fronts lors des préparatifs, en 1965, de la création du Syndicat national de l'enseignement dont il prendra le secrétariat général lors du congrès de 1976. Lui et plusieurs de ses compagnons seront d'ailleurs parmi les premiers à claquer la porte de l'UMT. La parade sera la création de la CDT avec les Khaïrat, Azzouzi, Bouzidi et Mounchid. Avant Noubir Amaoui, le secrétariat général de cette nouvelle centrale sera proposé à Chennaf qui déclinera comme le fera Ahmed Bouzidi pour des raisons de santé. Pour un compagnon de Chennaf, cela explique en partie les guéguerres qui vont avoir lieu, par la suite, entre les deux hommes surtout que le syndicat de l'enseignement était la locomotive de la CDT. Comme elle l'est aujourd'hui pour la FDT dont Chennaf est aussi l'un des principaux fondateurs. Pour le député USFP Abderrahmane Azzouzi, le défunt était d'un « comportement exemplaire, que ce soit en classe, au syndicat et à la commune Moulay Youssef dont il était l'élu ». « C'est un homme honnête qui s'est longtemps sacrifié. Il a donné de sa santé, mais aussi de sa poche. Ce qu'il avait ne lui appartenait jamais», poursuit Azzouzi qui qualifie le décès de Chennaf de grosse perte. Chennaf a quitté les siens sans laisser de biens puisqu'il habitait dans une modeste maison située Boulevard Ziraoui. Député casablancais pour les deux dernières législatures, la mort l'a ravi aux siens. Ses quatre enfants, Kamal, Mokhtar, Ahmed et Bouchra, la cadette et sa préférée, perdent un papa attentif. Abderrahmane Chennaf ne prendra plus de malin plaisir à « voler » la voiture de Bouchra et abandonner, le temps d'un rendez-vous, sa vieille R5 déglinguée. A l'USFP, l'homme a été aussi de beaucoup de combats. Ex-membre du bureau politique, son état de santé ne lui permettra pas d'assister au congrès de juin dernier. Ni à celui, deuxième du genre, de la FDT. Chennaf, qui a joué un grand rôle dans la création de l'Union arabe des instituteurs, part toutefois avec un grand «lot de consolation». Le lundi 14 décembre dernier, il était parmi les syndicalistes signataires, en présence du Premier ministre, de la convention pour la promotion et le reclassement des enseignants du secondaire. Une victoire avant le «grand voyage». C'est à cet homme que les siens, ses compagnons de combat et une bonne partie de Casablancais devaient dire «Adieu», hier mercredi après la prière d'Al Asr lors de ses funérailles au cimetière «Achouhada».