Mohamed Abderrazak, figure de proue de l'UMT, est décédé des suites d'une longue maladie. L'homme, qui a été débarqué de la centrale de Mahjoub Benseddik après 50 ans de compagnonnage, emporte avec lui de nombreux secrets. Mohamed Abderrazak n'est plus. Il est décédé, jeudi 6 avril 2006 à Casablanca, des suites d'une longue maladie et une non moins longue hospitalisation. Mohamed Abderrazak, mort à l'âge de 80 ans, s'en va en emportant une bonne partie des secrets de grands scandales financiers, mais aussi de l'histoire de la vie politico-syndicale du Maroc. Numéro deux pendant longtemps, à l'UMT (Union marocaine du travail), Mohamed Abderrazak régnait sur un véritable empire avec notamment la direction des œuvres sociales de l'ONE, la CNSS et plusieurs autres organismes depuis qu'il a rejoint les rangs de la centrale syndicale de Mahjoub Benseddik en 1955. Hospitalisé à Casablanca depuis plusieurs mois, il n'a jamais oublié la manière, après tant d'années de compagnonnage, dont il a été débarqué du secrétariat national de l'UMT en mars 2004. Un "putsch médical" qui avait reçu l'aval de Mahjoub Benseddik. Le nom de Mohamed Abderrazak n'était pas uniquement associé au syndicalisme, mais aussi à une débordante activité politique et militante. C'est grâce à lui, se souvient un de ses vieux compagnons, que des milliers de cadres marocains ont pu étudier aux pays de l'ex-bloc soviétique. Dans la région de la Chaouia, il figurera parmi les principaux soutiens de la résistance contre l'occupation française avec des nationalistes comme Mohamed Laâlej. C'est d'ailleurs pour narguer les autorités du protectorat, qui finiront par l'exiler à Casablanca, qu'il fondera, avec le même Laâlej et Boudraâ, la "Renaissance de Settat"(RSS), rappelle notre interlocuteur. Conseiller et député pendant plusieurs mandats, Mohamed Abderrzak a également travaillé à établir de précieuses connexions avec les organisations syndicales internationales qui s'ouvriront par la suite à d'autres centrales que l'UMT. Toutefois, son nom reste associé à de grands scandales financiers comme celui de l'ONE ou des polycliniques de la CNSS, projet dont il était d'ailleurs l'initiateur. Pour un vieux militant de l'UMT, Mohamed Abderrazak, pour ce qui concerne les œuvres sociales de l'ONE, avait une conduite "exemplaire". "Il a toujours fait les choses en règle et surtout avec les garanties nécessaires de l'ONE", se souvient ce syndicaliste de la première heure. De la bouche de Mohamed Abderrazak, on n'en saura pas plus. Mort, il emporte avec lui les secrets de maints dossiers et ceux de l'empire UMT. Plusieurs mois avant sa mort, les rares fidèles qui continuaient à lui rendre visite se désolaient de ne rencontrer que le regard éteint d'un homme qui ne reconnait plus les visages. "Il avait du mal à se souvenir de nous", confie un syndicaliste. Mohamed Abderrzak a été enterré, vendredi 7 avril 2006, au cimetière "Arrahma" au lieu du cimetière "Achouhada'e" où sont généralement inhumées les grandes personnalités casablancaises. Etait-il question d'une dernière volonté du célèbre et non moins contesté syndicaliste ? C'est la deuxième "grosse pointure" du syndicalisme marocain qui s'en va en l'espace de quelques mois après Abderrahmane Chennaf, défunt patron de la FDT et membre fondateur de la CDT.