Lors de son Conseil national tenu à Casablanca jeudi 11 mars dans la matinée sous la présidence du patron de l'organisation, Mahjoub Benseddik, l'UMT (Union marocaine du Travail) a exclu de ses rangs son numéro deux Mohamed Abderazzak . Lors de son Conseil national, composé des différents représentants des secteurs de l'UMT et de ses fédérations, le syndicat de Mahjoub Benseddik a procédé à l'exclusion de Mohamed Abderrazak et dans la foulée d'un deuxième cadre du nom de Salim Redouane. L'un et l'autre, jusqu'ici membres du Bureau national du syndicat, ont été remplacés par Ahmed Bahnis et Khalili Bensmaïl, respectivement secrétaire régional de l'UMT à Casablanca et ex-responsable du Comité des œuvres sociales (COS) de la Lydec. Cette décision pour le moins inattendue a été interprétée par les observateurs des soubresauts de la scène politico-syndicale nationale comme un lâchage de M. Aberazzak, numéro deux au sein de cette grande organisation syndicale. Un tel scénario était inimaginable il y a encore quelques années. Deux membres du conseil national, le secrétaire régional de Casablanca Ahmed Bahnis et cheikh Chalioui, ont pris chacun la parole au début de la réunion pour dire tout le bien qu'ils pensent de Mohamed Abderrazak. Le premier a évoqué les derniers problèmes surgis à propos des villas construites à Aïn Diab à Casablanca par le comité des Œuvres sociales (COS) de l'Office national de l'électricité (ONE) dont le président n'est autre que Mohamed Abderrazak. Celui-ci avait contracté il y a près de deux décennies, un prêt d'environ 700 millions de Dhs pour financer ce projet immobilier. Seulement voilà. Ce crédit n'a pas été remboursé par le COS et aujourd'hui la banque se retournre contre certains propriétaires qui ne disposent pas de titres fonciers de leurs maisons en exigeant d'eux de payer une mensualité de 15.000 Dhs. Les intéressés, qui se sont constitués en association pour défendre leurs intérêts, ont protesté à plusieurs reprises auprès de M. Abderrazak. Rien n'y fait. Ce dernier, âgé et gravement malade, n'a plus l'énergie nécessaire pour régler un différend dont il est tenu pour responsable. Le deuxième intervenant a mis l'accent dans son exposé sur le fait que Mohamed Abderrazak ne s'occupe plus depuis plus d'une décennie ni des affaires du COS de l'ONE ni de la vie syndicale de l'UMT. Troisième à prendre la parole pour conclure ce conclave hautement politique est Mahjoub Benseddik. Il invite les membres du Conseil à prendre la décision appropriée à l'encontre de Mohamed Abderrazak. Ce sera l'application des dispositions du règlement intérieur, à savoir l'exclusion. Salim Redouane se verra subir la même sanction. “Ce n'est pas une exclusion, explique un membre de l'UMT. Tout ce qu'il y a c'est que Mohamed Abderrazak ne participe plus depuis des années déjà dans les affaires de l'UMT.” En fait, en toile de fond de ces mesures, il y a le dossier du CIH à travers l'affaire des villas de la discorde d'Aïn Diab et le scandale de la CNSS transféré récemment devant la Cour spéciale de Justice. Dans ce dernier dossier qui a fait l'objet d'une commission d'enquête de la deuxième Chambre en 2000, le nom de Mohamed Abderrazak, en tant que vice-président du Conseil d'administration de la Caisse et président du comité de gestion dans le temps, est cité dans des “irrégularités“ constatées dans la construction des polycliniques de la CNSS et dans les divers marchés d'achat de matériel de ces structures sanitaires. Les observateurs voient dans la mise à l'écart de Mohamed Abderrazak une tentative d'anticipation de l'UMT dans la perspective de l'ouverture du procès de la CNSS. Une manière de se débarrasser d'un homme jugé trop encombrant dont il faut se séparer pour ne pas éclabousser l'image de la maison. Maintenant que ce personnage, qui était puissant par le passé, a été privé de la couverture syndicale de l'UMT , il risque aussi de perdre le contrôle du COS de l'ONE sur lequel il règne depuis longtemps grâce justement à la force de la centrale de Mahjoub Benseddik. “Les temps au Maroc ont vraiment changé“, fait remarquer un syndicaliste.