L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) affirme que le traitement du dossier des droits de l'Homme passera d'abord par une justice indépendante. Entretien avec Ali Amar, vice-président de cette association. ALM : Quelle est la réaction de l'AMDH après les derniers développements concernant les événements de Casablanca et de Fès? Ali Amar : À l'AMDH nous trouvons que le nombre annoncé des victimes des événements de Casablanca en 1981 et de Fès en 1990 est loin de la réalité. Dans les faits, le nombre est plus élevé dans ces deux villes. Vous savez que nous recevons des plaintes de la part des familles et qu'à partir de cela nous déduisons que ces chiffres annoncés récemment sont en deça de la vérité. Dans des déclarations faites par des personnes qui ont assisté à ces événements à la presse, on affirme qu'il y a bien d'autres tombes communes. Et le fait que l'Etat n'a confirmé ni infirmé ces propos nous pousse à ne pas croire ces révélations. Le mandat de l'IER vient d'expirer, à votre avis de quelle manière la Justice devra traiter ce dossier ? Nous avons toujours dit que le dossier des victimes des violations des droits de l'Homme ne sera pas bouclé avec la fin du mandat de l'Instance Equité et Réconciliation (IER). Cette institution n'a pas traité tous les dossiers et n'a pas révélé toute la vérité. À l'AMDH, nous ne cherchons pas à venger les victimes ni à faire des critiques pour la critique. Nous voulons tout simplement que justice soit rendue. Et dans ce sens, le pays a besoin d'une justice indépendante. Il est temps de lever le voile les noms de ceux qui ont commis ces violations et de les interroger. Pensez-vous qu'il est temps de juger l'ex-ministre de l'Intérieur Driss Basri ? Vous savez que l'on pourra se servir de Driss Basri, qui est d'ailleurs un excellent bouc émissaire, pour enterrer le dossier des violations des droits de l'Homme au Maroc. L'ex-ministre de l'Intérieur peut dévoiler une partie de la vérité comme il peut tout raconter. Il y a aussi une troisième éventualité où l'on peut assister à un procès rien que pour la forme. Mais, à l'AMDH nous militons pour faire la lumière sur les abus du passé et non pas désigner quelques personnes comme responsables de ces événements pour tourner la page du dossier des droits humains dans notre pays. D'ailleurs, notre devise n'est autre qu'un appel à la non-violation des droits humains.