Le débat sur la situation des droits de l'Homme au Maroc reprend à la veille de la célébration du 61ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Le Maroc célèbre ce jeudi 10 décembre le 61ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Comme à l'accoutumée, l'heure est à l'évaluation des acquis réalisés et des reculs enregistrés. Le Conseil consultatif des droits de l'Homme met l'accent sur les avancées et les pas franchis par le Maroc dans ce domaine. Pour leur part, les associations de défense des droits de l'Homme montent au créneau pour dénoncer les régressions. Ahmed Herzenni, président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), affirme qu'il n'y a plus de violations systématiques des droits de l'Homme. «Ce que nous pouvons dire à propos de la situation actuelle des droits de l'Homme au Maroc en comparaison avec les années de plomb, c'est qu'il n'y a plus de violations graves et systématiques des droits de l'Homme», indique M. Herzenni. Selon le président du CCDH, il reste, par ailleurs, beaucoup à faire. «Des avancées considérables ont été réalisées en matière des droits civils et politiques, mais il reste des points à traiter. Notamment le Code de la presse, le trafic des êtres humains, la question de l'émigration», souligne-t-il. En réponse aux critiques faites par certaines associations de défense des droits des l'Homme, M. Herzenni indique qu'«il est normal que la société civile soit exigeante». «Ce qui est dérangeant, par ailleurs, c'est lorsque ça ne se limite pas à cela et qu'il y a volonté manifeste de dénigrement», nuance-t-il. Contacté par ALM, Abdelilah Benabdeslam, vice-président de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), affirme que tous les indices montrent qu'il y a un recul énorme en matière de respect des droits de l'Homme. «L'AMDH constate que la situation des droits de l'Homme connaît un recul énorme sur tous les plans, notamment en ce qui concerne les libertés publiques, la liberté d'expression et la liberté de la presse. Nous avons assisté ces derniers temps à une attaque agressive contre les journalistes. Une attaque qui dénote de la volonté de faire taire la presse indépendante», explique M. Benabdeslam. Selon ce militant de l'AMDH, la grande partie des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER) n'a pas été mise en œuvre. «Les réformes constitutionnelles et institutionnelles et la question de la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre l'impunité recommandées par l'IER dans son rapport final n'ont pas été mises en œuvre à ce jour, c'est-à-dire quatre ans après la publication du rapport final. Les choses ne peuvent pas continuer ainsi. La Constitution marocaine doit être adaptée aux standards internationaux en matière de respect des droits de l'Homme», poursuit-il, ajoutant que l'ensemble des rapports internationaux récents sur les droits de l'Homme ont pointé le Maroc du doigt à cause de ce recul. La présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), Amina Bouayach, affirme, pour sa part, que les autorités publiques ont du mal à accompagner la volonté politique visant à promouvoir les droits de l'Homme. «Nous constatons que la volonté politique visant à promouvoir la protection des droits de l'Homme existe toujours. Toutefois, cette volonté ne trouve pas d'écho auprès des autorités publiques chacune selon son secteur d'activité», explique Mme Bouayach. La présidente de l'OMDH précise, en outre, que «la justice n'a pas réussi à accomplir sa mission en matière de promotion des droits de l'Homme».